Martine Ouellet provoque un malaise dans les rangs péquistes en envisageant de diriger le Bloc à Ottawa et de continuer de siéger à Québec. Le doyen de l'Assemblée nationale, François Gendron, soutient qu'un tel cumul de fonctions n'est pas souhaitable.

« J'ai toujours été un défenseur acharné que tous les députés devraient être à temps plein sur leurs responsabilités », a affirmé le député d'Abitibi-Ouest, lors d'une mêlée de presse au Conseil national du Parti québécois samedi.

« Pour revaloriser le rôle de député, c'est déjà tellement exigeant de faire la fonction, il faut être dédié totalement. Je n'ai pas de thèse « bien oui, on peut marcher et mâcher de la gomme en même temps et faire autre chose », je sais tout ça, mais ce n'est pas mes valeurs. » Il a ajouté qu'il a informé Mme Ouellet de sa position.

Ses collègues sont plus discrets sur le sujet. Mais le malaise est évident. Le leader parlementaire Pascal Bérubé a soutenu que la question est hypothétique et qu'il préfère attendre la décision de Mme Ouellet avant de se prononcer.

Pour Véronique Hivon, « ce n'est pas tout noir tout blanc ». « Il y a des députés qui ont d'autres emplois. Tous les médecins à l'Assemblée nationale pratiquent en partie, entre autres pour garder leur droit de pratique. Donc il n'y a pas une règle claire et déterminée par rapport à ça. Il faut attendre la décision de Mme Ouellet parce que c'est un cas précis et un précédent. »

Pour la principale intéressée, « il n'y a aucun conflit d'intérêts et de problème éthique ». « La chefferie, c'est une plus grande tâche de travail, mais c'est possible de le faire », a ajouté Mme Ouellet.

À sa demande, le Commissaire à l'éthique de l'Assemblée nationale, Jacques Saint-Laurent, lui a signifié que rien n'interdit « de manière formelle » le cumul de fonctions. Il soutient toutefois que « les risques de conflits dans l'exercice de ces deux fonctions sont sérieux ». Ainsi, « la perception du public pourrait être négative » selon lui.

Martine Ouellet poursuit sa réflexion quant à l'éventualité de briguer la direction du Bloc. Si elle allait de l'avant, elle siégerait toujours à Québec mais comme députée indépendante, ce qui signifierait son départ du caucus péquiste. Elle prendra sa décision à la suite du conseil général du parti, le 4 février. C'est à cette occasion que les militants adopteront les règles de la course. Mme Ouellet, qui sera au Conseil national à titre d'observatrice, souhaite que la campagne se tienne en 2017. Mais des bloquistes veulent reporter l'exercice en 2018.