Craignant que le personnel enseignant tombe en épuisement professionnel, la Coalition avenir Québec demande au gouvernement de changer la formule de financement des classes de francisation qui accueillent depuis un an des réfugiés syriens.

«Les profs sont à bout de souffle, je ne serais pas surpris que certains tombent en épuisement professionnel. Ce serait dramatique en soi, mais aussi très mauvais pour les élèves syriens, qui ont d'abord et avant tout besoin de stabilité», affirme le député caquiste Jean-François Roberge, lui-même un ancien enseignant. 

La Presse révélait ce lundi que la Commission scolaire de Laval a dû embaucher près d'une cinquantaine de nouveaux enseignants en cours d'année pour faire face à un afflux beaucoup plus important de réfugiés syriens que prévu. Simultanément, le budget des écoles lavalloises pour l'accueil et la francisation des nouveaux arrivants a été amputé de près de 900 000 $, forçant la commission scolaire à couper dans d'autres services pour arriver à ses fins. C'est finalement jeudi dernier, près d'un an après l'arrivée de la première vague de réfugiés, que la commission scolaire a reçu un chèque de 1,6 million de Québec pour couvrir ses services d'accueil et de francisation.

En fonction des règles édictées par Québec, le budget des commissions scolaires pour l'accueil et l'intégration des nouveaux arrivants au primaire et au secondaire est en grande partie calculé en fonction du nombre d'élèves qui étaient inscrits il y a deux ans. Le ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur a alloué un budget global de 40,7 millions l'année dernière en fonction de cette formule de financement. Le gouvernement a ajouté 13 millions en cours de route pour tenir compte de l'arrivée des réfugiés.

«Il faut changer ce modèle de financement en donnant de l'argent en fonction des élèves à venir; pas en se basant sur les élèves qui ont été accueillis dans le passé. Il faut se laisser une flexibilité», propose le député caquiste. 

Selon des données transmises aujourd'hui, le ministère de l'Éducation a alloué au surplus un montant de 6,2 millions afin de soutenir l'intégration des réfugiés syriens en 2015-2016. Montant auquel s'ajoute une somme supplémentaire de 16,9 millions pour soutenir les services d'accueil et de francisation. Dimanche, la ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion, Kathleen Weil, affirmait que ces mesures contribuent à faire du Québec la seule province où il n'y a pas de liste d'attente pour les cours de langue aux nouveaux arrivants.

«Je ne remets pas du tout en question le fait qu'on accueille ces réfugiés, c'est un geste que nous devions poser. Mais je trouve désolant de constater à quel point le gouvernement a improvisé», croit cependant le député Roberge.