Le Front national et sa leader Marine Le Pen nient tout lien avec un résidant de Québec qui veut lancer une version québécoise de ce parti d'extrême droite. Ils n'excluent pas d'entreprendre des recours judiciaires pour l'empêcher d'utiliser son nom.

La Presse a révélé la semaine dernière que Daniel Boucher a récemment réservé le nom de Front national du Québec auprès du Directeur général des élections. Il dit avoir décidé de lancer cette initiative après avoir rencontré Mme Le Pen lorsqu'elle a visité le Québec, en mars.

Son parti propose notamment de mettre fin aux accommodements raisonnables, de détruire les mosquées et d'interdire l'islam.

Ces propositions n'ont «strictement rien à voir avec le Front national», a assuré le vice-président de ce parti français, Florian Philippot. En entrevue téléphonique, il n'a pas mâché ses mots pour se distancier de M. Boucher. «Nous n'avons rien à voir avec ce monsieur, ni avec son initiative, et nous n'avons rien à voir avec son programme qui est délirant, fantaisiste et très éloigné du nôtre.»

Selon lui, M. Boucher «essaie d'entretenir l'amalgame» en reproduisant le nom du Front national pour faire avancer ses idées. Cette situation porte préjudice au parti français, dit-il, d'autant plus qu'une élection présidentielle doit avoir lieu l'an prochain.

Recours possibles

Il n'est donc «pas impossible» que le Front national engage des recours judiciaires pour forcer M. Boucher à cesser d'utiliser son nom, a dit M. Philippot. Il rappelle que le parti a récemment entrepris des procédures semblables en Belgique pour empêcher un parti d'utiliser le nom «Front national» dans ce pays.

«Il peut très bien le faire [lancer des poursuites] si cette initiative nuit à notre image, à celle du parti, à celle de Marine Le Pen, a dit M. Philippot. Je ne sais pas s'il le fera. Mais en tout cas, la dissociation politique est très importante.»

Dans un premier courriel, un porte-parole du FN avait assuré que Mme Le Pen n'avait «jamais accordé le moindre entretien» à Daniel Boucher. M. Philippot a toutefois reconnu que la dirigeante a eu un contact avec lui, tout en minimisant l'importance de cet échange.

«Il y a un croisement fortuit, une photo, et il n'y a pas eu de rencontre, a-t-il dit. Vous faites face à un fabulateur et à quelqu'un qui essaie de vous manipuler. Vous devriez vous méfier.»

Pas question de changer de nom

Daniel Boucher a accueilli les critiques du vice-président du FN avec un haussement d'épaules.

«Je n'ai pas de commentaire à faire sur ça, a-t-il dit, tout le monde a droit à ses opinions.»

Mais il n'est pas question de rebaptiser le Front national du Québec, a poursuivi M. Boucher. À ses yeux, le parti français n'a pas le «monopole» de ce nom.

«L'exclusivité du nom n'appartient pas nécessairement au Front national en France parce que le Front national existe dans d'autres pays», a-t-il dit.

M. Boucher a publié un communiqué, lundi, pour préciser que le FNQ «n'a aucun lien politique ou autre» avec le FN français. Sur sa page web, une fenêtre avertit les internautes que le parti est «indépendant » de celui de Marine Le Pen. Les photos qu'a prises M. Boucher avec la leader politique française ont été retirées du site.