Les cinq députés qui appuyaient Véronique Hivon dans la course à la direction du Parti québécois se laissent désirer à la suite du retrait forcé de leur favorite. Ils se rencontreront bientôt pour discuter de la suite des choses.

Aucun des élus orphelins ne se jettera dans les bras d'un autre candidat au cours de la réunion de deux jours du caucus péquiste qui commence aujourd'hui à Gatineau. C'est ce qu'ont déclaré quatre d'entre eux, en entrevue à La Presse hier.

« Il n'y a rien qui se passe pendant le caucus, il n'y aura pas de surprise. Tu peux dire que tu tiens ça de source sûre », a affirmé le député de Terrebonne, Mathieu Traversy, après s'être entretenu avec ses collègues.

En mai dernier, Véronique Hivon avait reçu l'appui de quatre autres députés : Claude Cousineau (Bertrand), Sylvain Pagé (Labelle), Carole Poirier (Hochelaga-Maisonneuve) et André Villeneuve (Berthier). Du nombre, seule Carole Poirier n'a pas rappelé La Presse hier.

Véronique Hivon a dû abandonner la course à la direction vendredi pour des raisons de santé. « Ça a été un choc, pour elle et pour nous, a affirmé Sylvain Pagé. On fondait beaucoup d'espoirs sur cette candidature. Alors on va prendre le temps de vivre ce deuil-là. »

TROIS OPTIONS SUR LA TABLE

Les cinq députés pro-Hivon se rencontreront au cours des prochains jours, après la réunion du caucus péquiste. Trois options sont sur la table : rester neutre, se ranger en bloc derrière un autre candidat ou dissoudre le groupe et voler de ses propres ailes.

« Spontanément, j'avais envie de rester neutre, a indiqué Sylvain Pagé. Sauf que ce que j'ai dit à mes quatre autres collègues, c'était qu'on devrait se garder quand même une porte ouverte. »

Le ralliement d'un tel groupe de députés derrière une candidature serait significatif, d'autant qu'on entre maintenant dans la phase cruciale de la campagne, le chef étant élu le 7 octobre.

Mais Claude Cousineau a un penchant pour la neutralité jusqu'à la fin de la course. « On s'est dit qu'on allait souper ensemble début septembre pour voir quelle tangente on va prendre, mais je leur ai déjà indiqué que ma préférence est de rester neutre, a-t-il confié. Je ne suis pas en mode appui pour qui que ce soit en ce moment. » Il a d'ailleurs signifié à son association de circonscription qu'il la laissait « complètement libre » de prendre position pour un autre candidat dans la course. Son bureau de direction avait annoncé son appui à Véronique Hivon au même moment que M. Cousineau le printemps dernier.

Les candidats Alexandre Cloutier, Jean-François Lisée, Martine Ouellet et Paul St-Pierre Plamondon courtisent les nouveaux agents libres dans l'espoir qu'ils se joignent à leur équipe. Ces trois derniers n'ont aucun appui au sein de la députation. Seul Alexandre Cloutier en a, au nombre de 12.

Dans son camp, on fait valoir qu'il y a une filiation évidente entre M. Cloutier et ceux qui appuyaient Mme Hivon, puisque cette dernière l'avait appuyé lors de la précédente course à la direction. Mais chez ses adversaires, on soutient que M. Cloutier et son équipe ont écrasé bien des orteils au cours des dernières semaines, ce qui pourrait jouer en défaveur du meneur de la course. Il y a eu des tensions avec le clan Hivon.

LA PRESSION SUR LISÉE

La pression est forte sur Jean-François Lisée pour qu'il obtienne enfin le soutien de l'un de ses collègues du caucus. Hier, le député de Rosemont annonçait à tout le moins que d'anciens députés qui militaient pour Véronique Hivon passent dans son équipe (Linda Goupil, Cécile Vermette, Lucie Papineau, Suzanne Proulx, Roland Richer et Étienne-Alexis Boucher). De son côté, Martine Ouellet a fait bien des efforts dans les derniers jours pour faire basculer un ou des orphelins dans son camp.

« C'est clair que les candidats ont commencé à se signaler auprès de nous, alors je suis en mode écoute », a dit Mathieu Traversy. Pour la deuxième campagne à la direction consécutive, l'élu de Terrebonne voit son poulain ne pas se rendre jusqu'au fil d'arrivée. Il avait misé sur Bernard Drainville en 2015, mais ce dernier avait abandonné la course pour se rallier à Pierre Karl Péladeau. Il envisage d'attendre au moins la tenue d'un premier débat avant de se mouiller à nouveau. L'aile jeunesse du parti en tient un le 6 septembre, à l'Université de Montréal. Le premier de deux débats officiels organisés par le PQ a lieu le 11 septembre, à Sherbrooke.

Quant à André Villeneuve, il n'a pas l'intention de se ranger derrière un autre candidat bientôt. « Je ne suis pas pressé, j'ai tout mon temps », a-t-il déclaré.

- Avec la collaboration de Martin Croteau