Le premier ministre Philippe Couillard a reconnu mercredi que son gouvernement a informé l'UPAC de possibles irrégularités au sein du ministère des Transports (MTQ).

L'ex-ministre des Transports Robert Poëti, qui a été évincé du cabinet en janvier, avait embauché une ancienne agente de renseignements de l'Unité anticollusion pour passer au peigne fin les activités du ministère des Transports (MTQ). Dans une lettre envoyée à son successeur Jacques Daoust, fin avril, l'ex-ministre affirme que cette enquête a révélé l'existence de plusieurs malversations.

 

Au cours d'une période de questions houleuse à l'Assemblée nationale, M. Couillard a déclaré que le résultat de cette vérification a été transféré à l'UPAC.

 

«Les actions ne commencent pas aujourd'hui, les actions ont commencé, a dit M. Couillard. Le ministère des Transports (...) mène des actions qui visent précisément à s'occuper de l'aspect administratif des choses. Quant à l'aspect potentiellement criminel, je répète, l'UPAC a été déjà saisie de tous les documents.»

 

Le premier ministre a dit souhaiter que la vérificatrice générale, Guylaine Leclerc, se mêle du dossier afin de scruter les processus administratifs du MTQ.

 

Il a également affirmé n'avoir jamais entendu parler des allégations soulevées par M. Poëti avant la publication d'un reportage dans L'actualité mardi soir.

 

Selon les partis de l'opposition, il est clair que M. Poëti a été écarté du conseil des ministres parce que ses vérifications au MTQ dérangeaient.

 

«C'est la tête du ministre qui a roulé parce qu'il voulait savoir ce qui se passait dans son ministère», a dénoncé le chef par intérim du Parti québécois, Sylvain Gaudreault.

 

«On a la preuve, ce matin, qu'on a un premier ministre passif, qui a zéro leadership, a renchéri le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault. Ça ne l'intéresse pas, ce qui se passe au ministère des Transports. Il n'a même pas posé de question. Pourquoi a-t-il congédié le ministre des Transports? Qui protège le premier ministre ?»

 

M. Couillard a répliqué en dénonçant les « insinuations » de l'opposition. Il a assuré que le départ de M. Poëti n'avait rien à voir avec ses vérifications au MTQ.

 

Bien qu'il ait alerté l'UPAC, l'actuel ministre des Transports Jacques Daoust estime qu'il ne s'agit pas d'un aveu que les pratiques de son ministère sont viciées.

 

« Ça m'embarrasserait si, dans l'appareil gouvernemental, on déterminait à la fin que oui, effectivement, il y a des choses qui ne sont pas correctes », a-t-il indiqué.

 

Il a dit faire confiance à la sous-ministre Dominique Savoie. M. Poëti a déclaré à L'actualité lui avoir posé des questions sur le processus de vérification interne du MTQ, mais que celles-ci sont restées sans réponse.

 

« J'ai confiance en ma sous-ministre jusqu'à ce qu'on me dise que je ne dois pas lui faire confiance, a dit M. Daoust. Mais pour le moment, vous savez, je ne la présume pas coupable. »

 

« C'est une personne qui a grandi dans l'appareil gouvernemental, qui connaît l'appareil gouvernemental », a-t-il ajouté.

 

M. Poëti, lui, estime avoir manqué de temps pour amorcer les changements qui s'imposaient dans le processus administratif. Il s'est dit convaincu que le gouvernement libéral agira pour répondre aux problèmes qu'il a mis à jour.

 

« J'ai confiance que Jacques (Daoust) va continuer le travail, a dit M. Poëti. Il avait besoin de cette information. Il y a quand même deux ans de travail qui ont été faites là. Je pense qu'il a en main, aujourd'hui (le nécessaire pour) être capable de continuer à corriger s'il y a des erreurs administratives. »