Le Parti libéral et la Coalition avenir Québec ont dit mardi souhaiter que la révision du code d'éthique des élus se poursuive sans le «malaise» créé par la présence à l'Assemblée nationale de Pierre Karl Péladeau.

Le commissaire à l'éthique, Jacques Saint-Laurent, a formulé l'an dernier 23 recommandations pour mettre à jour le code d'éthique de l'Assemblée nationale. Ce rapport a causé de vives tensions, car certains passages concernaient directement M. Péladeau, qui était à la fois magnat de la presse et chef de l'opposition.

La commission parlementaire chargée d'étudier ces recommandations a repris ses travaux après plusieurs mois de délais, mardi.

Le député du Parti libéral Marc Tanguay a dit souhaiter que la commission puisse analyser de manière exhaustive les recommandations de Me Saint-Laurent, qui restent «pertinentes» malgré le départ du magnat de la presse.

«On sentait peut-être qu'il y avait des réticences à traiter de résolutions qui pouvaient affecter le collègue de Saint-Jérôme [M. Péladeau] qui n'est plus là aujourd'hui, a convenu M. Tanguay. Mais d'un autre côté, il n'en demeure pas moins qu'on va faire tout le travail.»

Le député caquiste Benoît Charette a dit espérer que le climat de tension qui a marqué les travaux de la commission jusqu'ici sera «dissipé» par le départ de M. Péladeau.

«Je sentais le malaise, a dit M. Charette. D'ailleurs, on a eu beaucoup de difficulté à s'entendre au départ sur la liste des interlocuteurs que nous allons recevoir au cours des prochains jours. Ç'a été un débat de plusieurs mois. Donc sans doute que le Parti québécois, effectivement, avait une pression.»

Le leader parlementaire du PQ, Bernard Drainville, a assuré n'avoir jamais senti de pression. Et ce, même si la révision du code d'éthique mettait directement en cause les intérêts financiers de son ancien chef.

«On a toujours souhaité que le climat soit bon et on a toujours souhaité que le climat soit constructif, a-t-il dit. Nous, notre objectif, c'est d'améliorer le code d'éthique.»

Une «situation exceptionnelle»

Me Saint-Laurent a appelé les députés à réviser le code d'éthique à la lumière de la «situation exceptionnelle» que présentait M. Péladeau. Selon lui, les règles déontologiques des élus n'avaient pas été pensées en fonction d'un député qui possédait des intérêts de cette ampleur et de cette nature. M. Péladeau est en effet actionnaire de contrôle de Québecor, qui exploite le plus gros empire médiatique au Québec.

Le commissaire a aussi proposé de préciser les règles relatives aux fiducies sans droit de regard.

En septembre, M. Péladeau a annoncé qu'il allait placer ses actions de Québecor dans un «mandat sans droit de regard». Ses mandataires n'étaient toutefois pas autorisés à les vendre. L'ex-chef péquiste a toujours refusé de rendre le mandat public.