Le gouvernement Couillard a annoncé l'automne dernier que l'île d'Anticosti recèle davantage de gaz que de pétrole. Or, un rapport du gouvernement fédéral vient d'arriver à un résultat « diamétralement opposé » : le pétrole constituerait en fait 80 % des hydrocarbures présents dans le sous-sol.

La Commission géologique du Canada vient de publier la première évaluation indépendante du potentiel en hydrocarbures de l'île. L'organisme fédéral y conclut que 78 % des hydrocarbures se trouvant sous l'île d'Anticosti sont du pétrole, le gaz naturel comptant pour 22 % de la réserve.

Dans son rapport, qui a été mis en ligne vendredi, la Commission constate que le résultat de ses travaux est « diamétralement opposé » aux conclusions d'une étude publiée en octobre par le gouvernement du Québec.

Les projections rendues publiques par Québec dans le cadre de l'évaluation environnementale stratégique (ÉES) sur Anticosti ont en effet conclu que le développement de la filière serait « principalement un projet de gaz naturel ». Le rapport évaluait que 78 % des hydrocarbures de l'île seraient du gaz naturel.

« Ce ratio de production localisé est diamétralement opposé à nos résultats de ressources en place sur l'ensemble de l'île », observent les auteurs du rapport fédéral.

Cela ne veut pas dire que l'île d'Anticosti deviendra un eldorado pétrolier, prévient la Commission. Il faudrait mener plusieurs forages et études avant de déterminer quelle proportion de la ressource peut effectivement être récupérée.

« Une sérieuse évaluation de la ressource techniquement récupérable nécessite d'avoir des données de récupération ultime des puits basées sur quelques années de production d'hydrocarbures pour établir des tendances statistiques de déclin de production », peut-on lire dans le rapport.

Pas les mêmes données

Pourquoi la Commission est-elle arrivée à des conclusions aussi différentes de celles de Québec ? Parce qu'elle a utilisé des données géologiques déjà publiées ainsi que des données confidentielles fournies par les opérateurs présents sur l'île. Dans son étude, Québec avait basé ses projections sur la production du shale d'Utica, situé dans l'État américain de l'Ohio.

Le gouvernement péquiste de Pauline Marois avait lancé l'exploration pétrolière sur Anticosti en grande pompe, en février 2014. À son arrivée au pouvoir, le gouvernement libéral de Philippe Couillard a lancé une étude environnementale stratégique sur cette filière énergétique.

Le premier ministre a pris ses distances du projet lors de son passage à la conférence de Paris sur les changements climatiques, en décembre dernier. La coentreprise menée par Pétrolia a demandé un certificat d'autorisation pour mener trois forages exploratoires sur l'île cet été.