C'est «l'impasse», selon le gouvernement Couillard. La contre-proposition du front commun syndical des employés de l'État est «totalement irréaliste» et «inacceptable». «Je pense qu'on va se comprendre: si c'est ça, on est à des années-lumières de s'entendre», a lancé le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, mercredi. La menace d'une loi spéciale plane.

Dans la contre-proposition, «il n'y a rien qui nous permettrait de renouveler nos voeux de mariage. Alors j'ai un message pour les syndicats : il y a urgence à comprendre qu'il y a urgence à régler. Le gouvernement a toujours dit que la patience était limitée», a affirmé M. Coiteux en conférence de presse mercredi.

Quelques minutes plus tôt, le front commun déposait sa contre-proposition et la qualifiait de «geste significatif» pour en arriver à un règlement. «C'est une contre-proposition responsable, qui fait du sens», a affirmé la présidente de la CSQ, Louise Chabot. 

Le front commun demande une augmentation de 2,9% en 2015 et d'autres qui pourraient être semblables au cours des deux années suivantes, selon l'évolution de la situation économique du Québec. Le front commun réclame en effet 1% par année à titre de rattrapage salarial, une hausse équivalente à l'indice des prix à la consommation ou un minimum de 1% (l'IPC est évalué à 1,4% en 2015 ; entre 1,5% et 2% pour les autres années selon les prévisions) et 0,5% par an si le PIB est supérieur à 1% (ce qui sera le cas selon les prévisions).

Au front commun, des représentants chiffrent les augmentations à environ 3% voire 3,5% par an, pour un total se situant entre 9% et 10,5% sur une période de trois ans. C'est sans compter les gains liés à l'enjeu de la relativité salariale.

De son côté, le gouvernement offre 5,3% en cinq ans, dont une hausse de 2,3% liée à la relativité salariale. Il chiffre les demandes syndicales à un minimum de 10,2% en tenant compte des 2,3% liés à la relativité salariale. Il reproche aux syndicats d'avoir demandé de financer les hausses salariales en diminuant les transferts au Fonds des générations, qui sert à rembourser la dette.

«On ne peut pas signer une chose pareille, a dit M. Coiteux. C'est hors de portée de la capacité financière du gouvernement.»

Reprenant l'image du «mariage», il a ajouté qu'« avant qu'il y ait un divorce officiel, il faut que tout ait été tenté avant d'envisager le pire». Il a demandé à son négociateur en chef, Maurice Charlebois, de rencontrer les chefs syndicaux au cours des prochains jours. L'objectif est «de voir si on est capables de dénouer avec eux ce qui, visiblement à la lumière des chiffres d'aujourd'hui, est une impasse». «Les prochains jours seront absolument cruciaux. Le gouvernement offre aux syndicats une nouvelle chance de nous signifier le sérieux de leurs intentions, de nous signifier un rapprochement sérieux», a-t-il dit.

Le front commun a décidé de reporter les journées de grève prévues les 1er, 2 et 3 décembre pour «donner la chance à la négociation». Le geste a été salué par M. Coiteux. Mais ce débrayage n'est pas annulé et pourrait être exercé selon l'évolution des négociations. «On est prêts à les reporter mais encore faut-il qu'il y ait des mouvements significatifs à la table de négociation» de la part du gouvernement.

Questionné pour savoir quel «mouvement» le gouvernement pourrait faire, M. Coiteux a affirmé qu'il est prêt à «aplanir» des différends liés à la relativité salariale. Le front commun refuse que certains employés subissent une baisse de salaire - ce serait le cas pour 18 000 personnes selon lui.

Par ailleurs, La Presse a indiqué mercredi que le gouvernement envisage d'ajouter un montant forfaitaire à son offre salariale. «On est un peu allergique à ça parce qu'il n'y a pas de récurrence», a dit le président de la FTQ, Daniel Boyer.