La Coalition avenir Québec (CAQ) est d'accord avec l'offensive du gouvernement Harper contre le terrorisme grâce au projet de loi C-51. Elle irait même plus loin, puisqu'il faut aussi combattre l'intégrisme, estime François Legault.

En conférence de presse, hier, la CAQ a confirmé son virage très clairement identitaire. Les nouveaux arrivants devront, au bout de trois ans, réussir des tests de français. On vérifiera aussi leur connaissance des valeurs québécoises et leur détermination à s'intégrer au marché du travail.

Avec les immigrants, «il faut être respectueux, mais il faut aussi être franc», a soutenu M. Legault. En ce qui concerne le projet de loi C-51, dénoncé par les libéraux et les péquistes, M. Legault se montre plus favorable. Jusqu'ici, les critiques par rapport au projet de loi fédéral, «c'est surtout sur qui surveille le surveillant, le SCRS». «Pour ce qui est de faire la lutte contre le terrorisme, je pense que c'est pas mal consensuel. Nous, on va même plus loin, en parlant de lutte contre l'intégrisme, a ajouté le patron de la CAQ. Les fameux prédicateurs, de penser qu'il n'y a pas de prévention à faire de ce côté-là, c'est passer à côté d'un enjeu important», observe-t-il.

«Inquiétude fondée»

«Il y a actuellement une inquiétude fondée au Québec, a souligné M. Legault. Veut-on avoir des futurs immigrants qui pourraient devenir des prédicateurs, qui viendraient dénigrer des valeurs fondamentales comme l'égalité hommes-femmes? Je pense que les Québécois ne souhaitent pas ça!»

La ministre de la Justice Stéphanie Vallée s'était dite préoccupée par les pouvoirs conférés au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) lors du dépôt du projet de loi. Même verdict du côté du Parti québécois, où Alexandre Cloutier s'inquiétait des dérives prévisibles du gouvernement conservateur.

Pour François Legault, la surveillance doit s'exercer sur les immigrants qui sont déjà au Québec, mais aussi auprès des futurs immigrants. La politique suggérée hier par son parti prévoit d'ailleurs qu'un nouvel arrivant qui ferait la promotion de l'inégalité des sexes ou qui prônerait l'intolérance à l'endroit des homosexuels pourrait être retourné dans son pays.

Dans sa proposition, détaillée, la CAQ relève que de plus en plus de nouveaux arrivants ne connaissent pas le français - 42 % en 2013, contre 36 % deux ans plus tôt. De plus, 80 % d'entre eux ne suivent aucun cours de français, une source d'inquiétude. Le taux de chômage des immigrants arrivés depuis cinq ans atteint 17 %, comparativement à 7 % pour l'ensemble de la population. Dans un rapport récent, le Vérificateur général estimait que seulement 20 % des immigrants répondaient aux besoins actuels du marché du travail. «C'est très, très bas», a insisté le chef caquiste.

Du côté du PQ, le député de Bourget, Maka Kotto, juge la proposition caquiste «irréaliste, improvisée et inapplicable tant que le Québec demeurera au sein du Canada». «La CAQ nous a habitués à des projets de loi échafaudés sans réflexion rigoureuse préalable», a soutenu l'ancien ministre péquiste.