Plusieurs groupes sociaux et syndicaux demandent au ministre Sam Hamad, nouvellement responsable du dossier de l'aide sociale, d'abandonner le projet de modification du règlement qui avait été annoncé par son prédécesseur François Blais, qui a depuis été nommé à l'Éducation.

Parmi les modifications qui avaient été annoncées par l'ancien ministre, on note la hausse des pénalités si un prestataire perçoit des revenus de travail sans les déclarer et le fait de comptabiliser les revenus de location lorsqu'au moins deux chambres sont louées par un ménage prestataire de l'aide sociale.

Ces groupes, réunis sous la bannière du Collectif pour un Québec sans pauvreté, ont rencontré la presse, lundi à Montréal, alors qu'il s'agissait de la dernière journée pour faire connaître ses commentaires quant au projet de modification du règlement.

«Derrière ce discours d'équité, d'intégrité des programmes, on retrouve toujours le même vieux préjugé, le préjugé que les personnes assistées sociales sont confortables, dans le fond, sinon paresseuses ou profiteuses. Non, vivre à l'aide sociale, ce n'est pas le Club Med. Les personnes assistées sociales ne partent pas six mois dans le Sud l'hiver. Personne ne s'achète une maison lorsqu'il est à l'aide sociale», a protesté Serge Petitclerc, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté.

Johanne Cooper, du Regroupement des Auberges du coeur du Québec, qui vient en aide à des jeunes en difficulté et sans abri, croit que les jeunes seront particulièrement touchés par ces modifications à l'aide sociale.

«Cela compromet les efforts de milliers de jeunes en démarche d'employabilité, précarise leur situation financière et résidentielle en plus de nuire sérieusement à ceux et celles désirant entamer des démarches face à leur dépendance aux drogues», a-t-elle opiné.

Le président de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), François Vaudreuil, a déploré «des mesures qui nous horripilent, des mesures qui nous écoeurent profondément» en touchant directement les personnes qui reçoivent une aide de dernier recours, parfois parce qu'elles ne sont pas admissibles à l'assurance-emploi ou ont écoulé leurs prestations sans avoir trouvé de nouvel emploi.

«On ne devrait même pas discuter, dans une société où il y a un minimum de justice sociale, on ne devrait même pas être ici ce matin pour dénoncer ça. C'est odieux. Il n'y a aucun motif économique qui le justifie; c'est purement idéologique. Ça démontre tout simplement le visage de ce gouvernement, qui malheureusement, n'a pas de respect envers les plus démunis de notre société», a commenté M. Vaudreuil.

En fait, ce sont six mesures qui ont été annoncées par le ministre Blais, le 28 janvier dernier, visant à «assurer une plus grande équité entre les prestataires d'une aide financière de dernier recours et les travailleurs à faible revenu».

La première vise à rendre non admissible à une aide de dernier recours un adulte qui s'absente du Québec durant une période de plus de 15 jours dans un même mois.

La seconde vise à retirer les exemptions qui sont appliquées aux revenus de travail lorsque ces revenus n'ont pas été déclarés au ministère et qu'ils sont réclamés.

La troisième met fin au moratoire qui existe depuis 2007 sur la valeur nette d'une résidence. La valeur actualisée sera donc de nouveau prise en compte dans l'évaluation de l'admissibilité d'une personne à l'aide financière de dernier recours.

La quatrième mesure vise à comptabiliser les revenus de location de chambres ou pension lorsque deux chambres ou plus sont louées par un ménage prestataire.

La cinquième s'adresse aux adultes qui bénéficient d'une prestation spéciale pour payer les frais d'un séjour dans un centre qui offre des services en toxicomanie. Dorénavant, une allocation de dépenses personnelles remplacera l'aide actuellement accordée.

La sixième mesure vise à exclure du calcul de l'aide de dernier recours des indemnités qui seraient accordées par le ministère de la Sécurité publique. Celui-ci peut verser une indemnisation en cas de sinistre, par exemple.