Les coupes de 300 millions qu'impose le gouvernement Couillard au monde municipal forceront une hausse de taxes foncières ou une réduction de services, constate le président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM), Richard Lehoux.

«On ne peut parler de négociations, on nous a déposé la position et on a fait de notre mieux pour sauver les meubles», a laissé tomber M. Lehoux, dans une entrevue à La Presse. Le ministre Pierre Moreau a imposé ses objectifs, et les élus municipaux n'ont pas eu d'autres choix. «On n'a pas le choix de contribuer au rééquilibre des finances publiques», constate-t-il.

Selon M. Lehoux, il faudra voir comment les municipalités géreront l'effort demandé. «Il y aura soit une augmentation de taxes ou une compression au niveau des services. Personne ne peut nier qu'il y aura un impact», convient-il.

Les deux unions (la FQM et l'Union des municipalités du Québec) font face à des récriminations soutenues parmi leurs membres. Les conseils d'administration des deux groupes ont entériné les choix vendredi dernier. «S'il n'y avait pas eu de travail de notre part, les dégâts seraient peut-être pires», a soutenu M. Lehoux.

Une fois que la décision est prise, le temps presse pour la rendre officielle; les villes sont à préparer leur budget pour l'année 2015. «On parle de jours», insiste-t-il. L'entente attendait le retour de Chine du premier ministre Philippe Couillard pour être annoncée.

À l'Assemblée nationale, hier, le chef de l'opposition péquiste, Stéphane Bédard, a prévenu que les municipalités n'auraient d'autres recours que de hausser les impôts fonciers pour compenser ces coupes dans le budget.

La fin des CLD

Québec va, avec le prochain pacte fiscal, mettre fin aux centres locaux de développements (CLD) et aux conférences régionales des élus. Les 120 CLD du Québec emploient plus de 1000 personnes. On prévoit aussi des coupes de 67 millions dans le développement économique régional. Ces compressions totalisent 300 millions. «Il y a deux solutions: une baisse de services ou une hausse de taxes généralisée pour nos concitoyens», a prévenu M. Bédard.

«Il ne faut pas confondre la proie pour l'ombre, la structure pour les objectifs», a répliqué le responsable des Affaires municipales, Pierre Moreau.

«Parce qu'elles souhaitent être reconnues comme des gouvernements de proximité, ce que nous entendons faire, monsieur le Président, [nous  demandons aux municipalités] de se comporter comme des gouvernements de proximité et de faire en sorte que, dans l'effort collectif de redressement des finances publiques, comme les agriculteurs l'ont fait, comme les autres membres de la société l'ont fait.»

Selon Me Bédard, certaines MRC critiquent ouvertement le choix de Québec. Celle du Bas-Saint-Laurent s'oppose à l'abolition des CLD. «Le projet de pacte fiscal que vous vous apprêtez à signer ne permettra pas à toutes les municipalités de s'offrir les mêmes moyens et les mêmes outils. En amputant à ce point les budgets accordés aux MRC pour le développement de l'économie des régions, vous obligerez celles-ci à procéder à des augmentations de taxation», a soutenu M. Bédard, lisant la lettre, publique, de la MRC.