Le ministre des Transports du Québec, Robert Poëti, a fermé la porte, hier, à toute forme de nouvelle taxe ou de tarification routière pour améliorer le financement des services de bus, de trains de banlieue ou de métro, tant que la gouvernance des  sociétés de transport collectif ne sera pas revue pour être plus efficiente.

Devant un parterre formé de dirigeants et de gestionnaires des transports collectifs de partout au Québec réunis en colloque pour discuter du financement de leurs activités, le ministre Poëti s'en est pris sévèrement à l'incapacité des sociétés de transport collectif à réaliser plus de 60% des projets qui ont reçu du financement de Québec, et ce, au cours des cinq dernières années.

Ce faible taux de réalisation, dit-il, fait en sorte que chaque année, plusieurs dizaines de millions de dollars en crédits disponibles pour des projets de transports collectifs sont inutilisés et retournés au fonds consolidé de la province en raison de retards et de délais dans leur planification ou leur mise en oeuvre. «C'est une catastrophe», affirme M. Poëti.

En conservant le même taux de réalisation pour l'année courante, «c'est presque 400 millions en fonds réservés pour des projets de transport collectif dont la réalisation sera reportée aux années subséquentes», a fait valoir le ministre.

«Nous avons le devoir, a déclaré M. Poëti, d'améliorer la performance financière des sommes précédemment budgétées avant de demander aux Québécois de payer davantage de taxes additionnelles pour le transport collectif.»

Le ministre a ainsi insisté sur la nécessité d'accélérer le processus d'approbation des projets dans les sociétés de transport, pour faire en sorte que ceux-ci soient prêts à être mis en oeuvre «en temps opportun».

Dans la région de Montréal, la multiplicité des intervenants dans la planification des projets «justifie notre choix de revoir la gouvernance» des transports en commun. M. Poëti a toutefois précisé qu'il «n'est pas encore prêt» à annoncer ce qu'il proposera «pour mieux répondre aux besoins de mobilité des Québécois et de l'ensemble de nos entreprises».

En matière de financement des services de transport en commun, le ministre a été tout aussi évasif. Selon lui, son ministère «travaille présentement en collaboration avec le Conseil du trésor pour bien évaluer l'impact financier des différents scénarios, tant sur les finances du gouvernement que sur vos budgets», a-t-il déclaré aux dirigeants des sociétés de transport.

Peu enclins à payer de nouvelles taxes

En ouverture de ce colloque organisé par l'Association du transport urbain du Québec (ATUQ), qui regroupe les neuf plus importantes sociétés de transport en commun de la province, le président de l'ATUQ, Philippe Schnobb, a rendu publiques hier les grandes lignes d'un sondage mené le mois dernier qui révèle le peu d'enthousiasme des Québécois pour toute nouvelle forme de tarification additionnelle pour financer les transports en commun.

Ainsi, même si 96% des Québécois estiment que le transport collectif est «un service essentiel» et que 73% d'entre eux croient qu'il doit être mieux financé, l'accueil réservé aux différentes options de financement suggérées par les sondeurs reste assez froid.

Seulement 15% des répondants au sondage mené par CROP se sont dits favorables à une augmentation progressive des taxes sur l'essence, alors que 72% ont dit être plutôt ou totalement en désaccord avec une telle option.

L'augmentation des taxes foncières (17%), des titres de transport en commun (19%) ou des frais d'immatriculation des automobiles (22%) ne sont pas tellement plus populaires auprès d'une nette majorité des répondants.

Le péage routier est la formule qui recueille le plus d'appuis - ou le moins d'hostilité - avec un taux d'approbation de 35%. Par contre, 40% des répondants ont dit être opposés à cette idée, tandis que 25% d'entre eux n'avaient pas d'opinion sur le sujet.

«On aurait aimé, à l'ATUQ, que ce sondage nous donne des pistes plus claires sur les solutions à privilégier, a commenté M. Schnobb. Il y a encore du travail de réflexion à faire sur le sujet.»