La Coalition pour la libre négociation croit que son mouvement d'opposition va rapidement s'élargir alors que le gouvernement Couillard se lance dans un programme d'austérité tous azimuts pour lequel il n'a, selon elle, aucun mandat.

La Coalition, qui tiendra une grande manifestation ce samedi à Montréal, estime que Québec risque de s'attirer les foudres de l'ensemble de la population québécoise puisque personne ne sera épargné en bout de piste par des mesures qui n'ont jamais été annoncées par le Parti libéral en campagne électorale.

«On sent une certaine révolte parce que, en campagne électorale, ils n'ont jamais utilisé le mot austérité. Jamais il n'a été question de coupes sans précédent comme celles-là. (...) Ils n'ont pas de mandat pour ça, ce n'est pas vrai que les gens ont voté pour qu'on s'attaque à l'ensemble de nos programmes sociaux», a indiqué vendredi à La Presse Canadienne le porte-parole de la Coalition, Marc Ranger.

Outre la réforme des régimes de retraite des employés municipaux, qui est le fer de lance de la Coalition, celle-ci soulève les compressions sans précédent de 172 millions $ imposées aux universités et les réductions des budgets octroyés aux commissions scolaires.

De plus, la multiplication d'informations voulant que l'on songe à sabrer dans le régime de congés parentaux, à augmenter le coût des services de garde, à abolir les agences de santé, à fermer des conservatoires de musique et d'art dramatique, à fusionner des commissions scolaires et des établissements de santé représentent autant de mesures qui auront des effets dans l'ensemble de la société.

«À tous les jours, depuis une semaine, il y a des ballons de ce genre qui sont lancés sur la place publique», a déploré M. Ranger.

S'adressant vendredi aux membres du Conseil du patronat, à Montréal, le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, a d'abord averti de ne pas se laisser «distraire par les rumeurs qui courent à tous les matins» concernant les compressions.

Par la suite, en point de presse, il a soutenu que son gouvernement avait bel et bien la légitimité d'agir comme il le fait.

«Nous avons été élus par les Québécois avec un mandat majoritaire. Nous avons annoncé aux Québécois que nous allions rétablir l'équilibre budgétaire en 2015-2016. (...) Nous sommes en train de faire exactement le plan que nous avons annoncé aux Québécois», a-t-il affirmé.

La Coalition se dit par ailleurs outrée que de telles mesures soient envisagées par des élus qui bénéficient de deux régimes de pension payés par les contribuables à 100 pour cent dans un cas et à 75 pour cent dans l'autre, des régimes largement déficitaires que le gouvernement Couillard n'a manifesté aucune intention de corriger.

«Moi, ça me pue au nez de voir que le ministre (des Affaires municipales, Pierre) Moreau parle des déficits de nos régimes de retraite, qui représentent environ 24 000 $ par tête de pipe, alors que leurs propres régimes de retraite, aux élus provinciaux, affichent un déficit de 375 000 $ par tête de pipe et on n'en parle pas», a dit M. Ranger.

Interrogé sur cette question, le ministre Coiteux n'a pas voulu parler spécifiquement des régimes de retraite des députés, mais il a assuré que la classe politique ferait sa part.

«Il n'est pas vrai que les efforts sont tous sur les mêmes personnes, au contraire, c'est un effort national qui va concerner absolument tout le monde. (...) Nous avons dit qu'il fallait que tout le monde mette l'épaule à la roue et les députés, comme tout le monde, vont devoir mettre l'épaule à la roue», a déclaré le ministre.