L'évasion par hélicoptère des trois fuyards d'Orsainville était «prévisible», mais les autorités carcérales n'avaient pas appris leur leçon après l'évasion de Saint-Jérôme, plus d'un an auparavant, conclut une enquête administrative.

L'avocat et ex-fonctionnaire Michel Bouchard - chargé par la ministre de faire la lumière sur cette affaire - pointe du doigt le Ministère de la Sécurité publique (MSP), la Sûreté du Québec (SQ) et le Ministère de la Justice dans son rapport.

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Il conclut que :



• Le rapport sur la première évasion par hélicoptère a été rendu un mois après la seconde évasion, un retard qui a nui à la mise en place de mesures de sécurité

• Suite à la première évasion, des fonctionnaires n'ont pas jugé bon d'investir dans des filets de sécurité

• C'est la directrice de la prison d'Orsainville qui a pris la décision d'abaisser la cote de sécurité des trois détenus impliqués

• Le cabinet de la ministre Thériault a dû gérer cette crise avec des données fausses transmises par l'appareil d'État

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Le ministère de la Sécurité publique s'était penché dès 2003 sur la possibilité que des détenus prennent la clé des champs par voie aérienne, mais aucune mesure de protection n'avait été concrétisée.

Le rapport sur l'évasion survenue en mars 2013 à la prison de Saint-Jérôme «a été complété quinze mois après qu'elle fut demandée et un mois après l'évasion de Québec» en juin dernier, indique M. Bouchard dans son rapport. «Si ces recommandations avaient été rendues disponibles plus tôt, leur mise en application [...] aurait pu rendre plus difficile l'évasion» d'Orsainville.

Avant même le dépôt tardif de ce rapport, des fonctionnaires s'étaient penchés sur la possibilité de se procurer des filets anti-hélicoptère. «On estimait peu probable [...] d'avoir à revivre un événement semblable», a indiqué M. Bouchard. «Aucune demande ou commande en vue de se procurer ce matériel n'a été effectuée.»

La ministre Lise Thériault n'a pas rendu public le rapport d'enquête de M. Bouchard, mais seulement des extraits «afin de préserver l'intégrité des procédures judiciaires en cours», a-t-elle dit.

Le seul extrait lu par la ministre pendant sa conférence de presse concernait les données qui parvenaient à son cabinet au plus fort de la crise.

Cette période «a été rendue plus difficile en raison de certaines informations erronées, incomplètes ou imprécises touchant des aspects importants concernant cet événement et qui ont été acheminées au cabinet de la ministre de la Sécurité publique dans les heures qui ont suivi l'évasion».  Ces informations auraient dû être mieux vérifiées par la SQ, le MSP et le ministère de la Justice, ajoute Me Bouchard.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Lise Thériault