L'Assemblée nationale devrait mieux encadrer les responsabilités des députés qui siègent tout en conservant un autre emploi, a affirmé aujourd'hui Philippe Couillard, dix jours après le début de la controverse sur la double rémunération du ministre Yves Bolduc.

En mission en Nouvelle-Angleterre, le premier ministre a dit croire que ce débat devait se faire de manière large, sans cibler précisément son ministre de l'Éducation.

«Est-ce que ça a besoin d'être mieux défini, balisé? Problablement», a-t-il avancé lors d'un point de presse organisé en milieu d'après-midi. Toutefois, «il faut éviter de faire des corrections à la pièce pour des questions plus larges.»

Un meilleur encadrement «est souhaitable, mais on ne peut le faire que dans une révision globale et complète des conditions de travail des députés», a poursuivi M. Couillard.

Le premier ministre a refusé d'émettre sa propre opinion sur le nombre d'heures qu'un député pouvait raisonnablement consacrer à une autre occupation, assurant qu'il s'agissait d'un équilibre «très subjectif». «Je ne peux pas vous donner de réponse générale, ça dépend du type de travail, ça dépend de l'individu, de sa capacité de travail, a-t-il dit. Ce n'est pas obligatoire que le fait d'avoir une double tâche va mettre en danger le travail de représentant.»

Le 3 juillet, Le Soleil a révélé que l'actuel ministre de l'Éducation avait touché des centaines de milliers de dollars en reprenant son métier de médecin de famille pendant que les 18 mois où les libéraux ont été relégués dans l'Opposition. M. Bolduc a notamment touché une prime incitative de 215 000 $ pour prendre en charge 1500 patients orphelins, avant de raccrocher son stéthoscope - et d'abandonner ces patients - 18 mois plus tard.

La semaine dernière, le père de l'assurance-maladie a sauté à pieds joints dans le débat. Claude Castonguay s'est indigné du comportement d'Yves Bolduc et a appelé le ministre à démissionner.

Un débat interne

Cet après-midi, M. Couillard a souligné à gros traits que la possibilité pour les députés d'occuper un autre emploi ne date pas d'hier.

«Ce n'est pas nouveau, a-t-il dit. Vous savez que plusieurs députés font autre chose que leur travail de députés dans plusieurs partis politiques. Effectivement, il faut discuter de cette question-là. Il faut le faire de façon très large, dans l'optique d'une discussion large sur les conditions de travail des députés, sur la façon dont les députés font leur travail.»

Mais le premier ministre ne veut pas d'un débat perpétuel sur la place publique ou d'une commission spéciale. Selon lui, la seule bonne instance pour trancher la question est le Bureau de l'Assemblée nationale, le «conseil d'administration» du parlement. Ce comité, formé de députés, siège habituellement à huis clos.