La ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault, estime être victime d'acharnement de la part du député péquiste Pascal Bérubé, relativement à l'évasion de trois individus survenue au centre de détention de Québec le 7 juin.

Jeudi soir, à l'occasion de l'étude des crédits du ministère de la Sécurité publique pour l'année en cours, le député de Matane-Matapédia a continué à multiplier les questions sur le rôle joué par Mme Thériault depuis la récente évasion spectaculaire par hélicoptère, tandis que la ministre continuait à s'enfermer dans le mutisme le plus total.

Le député Bérubé, qui a déjà demandé la démission de Mme Thériault, est revenu à la charge pour lui demander de présenter des excuses aux hauts fonctionnaires, qui étaient présents dans la salle jeudi soir, pour avoir affirmé qu'on lui avait menti et fourni des informations contradictoires dans les jours qui ont suivi l'évasion.

Selon M. Bérubé, la ministre devrait aussi présenter des excuses au juge Louis Dionne, pour avoir erronément affirmé qu'il avait abaissé la cote de sécurité des trois évadés toujours en cavale.

«Tous ont été éclaboussés», selon M. Bérubé.

Mais la ministre n'a pas donné suite à sa requête, pas plus qu'à celle de fournir son agenda des jours suivant l'événement. Son emploi du temps depuis l'évasion «sera connu en temps et lieu», a répliqué la ministre.

Parmi les nombreuses personnes présentes dans la salle pour seconder la ministre dans l'étude de ses crédits budgétaires, il y avait le directeur général de la Sûreté du Québec, Mario Laprise, qui n'a pas voulu faire de commentaires sur l'affaire, «par respect pour l'Assemblée nationale».

Le député Bérubé reproche surtout à la ministre Thériault de ne pas avoir pris au sérieux l'incident dès le départ, de ne pas y avoir réagi assez promptement et d'avoir transformé l'intervention gouvernementale en cafouillage.

Pour montrer au contraire qu'elle était en contrôle de la situation dès le début, Mme Thériault a indiqué qu'elle avait eu des «conversations téléphoniques» avec des membres de son équipe dès le samedi soir, donc dans les heures qui ont suivi l'évasion.

Selon elle, depuis le début, le député Bérubé fait preuve d'un «très grand acharnement» envers elle.

Sur le fond, après une suite de déclarations contradictoires et controversées, la ministre annonçait vendredi qu'elle ne dirait plus un mot publiquement sur le sujet.

Jeudi soir, elle a refusé d'entrée de jeu de s'adresser aux médias, puis devant ses collègues députés, elle a répété ce qu'elle dit depuis vendredi, à savoir qu'elle ne répondrait «à aucune question» reliée de près ou de loin aux circonstances entourant l'évasion, tant que les conclusions du rapport Bouchard ne seraient pas connues.

Le gouvernement a demandé à l'ex-sous-ministre de la Justice Michel Bouchard de mener une enquête interne, au ministère de la Sécurité publique, dans les établissements de détention, au ministère de la Justice et à la Sûreté du Québec pour faire la lumière sur les circonstances de l'évasion et la gestion de la crise.

Le rapport Bouchard sera rendu public, a assuré Mme Thériault jeudi soir, mais les «informations sensibles» pouvant affecter la sécurité publique en seront retirées.

L'étude des crédits de son ministère se poursuit vendredi matin.