À la veille d'élections provinciales, les petits partis politiques s'unissent pour trouver des solutions à «la marginalisation» et à «l'anonymat» auxquels ils se sentent confrontés sur la scène politique québécoise.

Six formations, de toutes allégeances politiques, se sont réunies ce week-end, à Montréal, pour le deuxième Colloque des partis émergents.

Pierre Chénier explique que le but du colloque est de briser «le mur du silence» et «la discrimination» que subissent les petits partis.

«La loi électorale dit qu'il y a équité des ressources et libre participation. Notre expérience est que ce n'est pas vrai», soutient le chef du Parti marxiste-léniniste du Québec.

Le regroupement entend par «émergent» tout parti politique reconnu par le Directeur général des élections du Québec (DGE) mais qui n'a aucun élu à l'Assemblée nationale. Seulement quatre partis sont représentés à Québec alors qu'une vingtaine de formations ont le statut de parti officiel au sens de la loi.

C'est Équipe Autonomiste, un parti de droite qui prône la responsabilité individuelle et la valorisation de l'effort et du mérite, qui a eu l'idée, l'automne dernier, d'organiser une rencontre avec d'autres partis ayant les mêmes difficultés à accéder à l'arène politique.

«L'objectif est d'améliorer la visibilité des petits partis dont on n'entend pas beaucoup parler pour que la population ait la chance de savoir qu'il y a plus que quatre ou cinq partis au Québec», explique Stéphane Pouleur, qui sera candidat dans Jean-Talon pour Équipe Autonomiste.

Du Bloc Pot au Parti des sans parti, en passant par le Parti Équitable du Québec et le Parti Unité nationale, les six formations émergentes présentes au colloque sont bien loin d'avoir les mêmes programmes, qui s'étendent de gauche à droite sur l'échiquier politique. Ils s'entendent toutefois sur la possibilité d'agir ensemble pour changer la réalité qu'ils partagent et qui est celle d'un anonymat presque complet durant les campagnes électorales.

«Normalement, les partis comme nous, les gens les découvrent sur les bulletins de vote, et ils n'osent pas voter pour nous parce que leur réflexion n'est pas faite à ce moment-là et que ce serait un peu comme un coup de dés», estime Frank Malenfant.

M. Malenfant est le chef du Parti des sans parti, une formation qui cherche à prendre le pouvoir de façon temporaire, le temps de réaliser une réforme approfondie des institutions démocratiques québécoises par le biais d'une assemblée constituante dont les membres seraient élus par tirage au sort.

Les participants au colloque dénoncent notamment les lourdeurs administratives auxquelles font face les partis émergents.

«Notre relation avec le Directeur général des élections et ses mandataires est très difficile», soutient Hugô St-Onge. Le chef du Bloc Pot souhaiterait que le système électoral soit moins bureaucratique et plus démocratique.

Gilles Noël, du Parti Unité nationale, déplore notamment les «abus» concernant le rejet des signatures requises par le DGE pour qu'un candidat puisse voir son nom inscrit sur le bulletin de vote.

«Quand on nous dit qu'il faut 100 signatures, qu'on arrive avec 160, mais que 70 sont refusées parce que la dame a mis son nom de jeune fille ou qu'il manque un tréma sur une lettre, c'est ridicule!», s'indigne M. Noël.

Pour Carole Gaudette, le désintérêt des gens vient du fait qu'ils ont l'impression que le Parti libéral et le Parti québécois, c'est du pareil au même.

«C'est parce qu'on n'entend pas les autres voix et qu'on ne sait pas qu'il y a aussi d'autres partis qui ont une réflexion sur un projet de société», croit la dirigeante du Parti Équitable du Québec, qui juge que la démocratie est malade.

Parmi les solutions envisagées par les participants au colloque figure la possibilité de demander au DGE la distribution à tous les foyers d'un feuillet incluant une description générale des plateformes électorales de l'ensemble des partis, comme cela se fait en France. Ils aimeraient aussi que les partis émergents puissent obtenir un temps d'antenne équitable pour promouvoir leurs idées.

Tous sont conscients que les changements institutionnels réclamés ne verront pas le jour d'ici la prochaine campagne électorale, qui ne saurait tarder. Ils espèrent toutefois mettre la première pierre à l'édifice et convaincre les citoyens de les appuyer.

«L'objectif, c'est sur le long terme, de toute façon, précise M. St-Onge. Tous ceux qui font du court terme, ce sont ceux qui nous pourrissent la vie à l'Assemblée nationale présentement.»