Inquiet de la réaction des marchés financiers, le chef libéral Philippe Couillard exige le dépôt du budget et des crédits dès le mois de février.

En entrevue à La Presse Canadienne, mercredi, M. Couillard a dit trouver «irresponsable» le dépôt du prochain budget aussi tard qu'à la fin du mois d'avril, comme l'a laissé entendre la veille la première ministre Pauline Marois. D'ordinaire, le ministre des Finances présente les orientations budgétaires annuelles du gouvernement peu après la mi-mars. Le dernier budget du Parti québécois au pouvoir remonte cependant à novembre 2012.

Après avoir raté ses cibles tant en matière de croissance économique que de revenus, le gouvernement Marois n'a plus les moyens de laisser planer l'incertitude jusqu'au printemps, a soutenu le leader libéral.

À son avis, la confiance des milieux financiers et des investisseurs envers le Québec est ébranlée par les erreurs de prévision et le déficit «qui dépasse largement l'année en cours».

De fait, M. Couillard accuse le gouvernement péquiste d'avoir plongé le Québec dans une «spirale» de déficits - 2,5 milliards $ cette année, au moins 1,75 milliard $ l'an prochain - qui pourrait aller au-delà de l'objectif annoncé du retour à l'équilibre budgétaire en 2015-2016.

Tout en se défendant d'évoquer «la politique du pire», le chef du Parti libéral du Québec (PLQ) n'a pas manqué de souligner qu'une décote du crédit du Québec aurait des conséquences désastreuses.

Pour rétablir la confiance des investisseurs et des marchés, le gouvernement n'a d'autre choix, à ses yeux, que d'abattre ses cartes le plus tôt possible.

«On voit qu'il y a une inquiétude, une préoccupation dans les milieux financiers. C'est irresponsable de la part du gouvernement d'attendre jusqu'au mois d'avril pour déposer un budget dans les circonstances actuelles avec une croissance économique en baisse, avec un déficit annoncé qui dépasse largement l'année en cours. On demande le dépôt d'un budget en février», a-t-il déclaré.

M. Couillard soupçonne la première ministre de vouloir exploiter à des fins partisanes et électoralistes le débat sur la charte des valeurs, en début d'année, en cachant le plus longtemps possible l'état réel des finances publiques à la population et aux électeurs.

«Ce qui est clair, c'est que le gouvernement ne veut pas que la situation budgétaire et financière du Québec soit exposée dans les délais habituels et ça, c'est très grave et très inquiétant. C'est l'ensemble du Québec, des familles du Québec qui vont souffrir des conséquences de ce mode de gestion. Il faut que le gouvernement se ressaisisse, qu'il rétablisse la confiance avec les investisseurs et pour cela, ça prend un budget le plus rapidement possible», a-t-il dit.

Il se sera écoulé plus de 17 mois depuis l'exercice précédent si Mme Marois va de l'avant et annonce le dépôt du budget à la fin avril 2014. Un écart que le nouveau député d'Outremont juge excessivement long, compte tenu que les prévisions de novembre 2012 «étaient à côté des cibles dans tous les domaines».

La situation économique et financière dans laquelle se retrouve le Québec sous la gouvernance péquiste n'a rien pour rassurer les investisseurs et les agences de crédit, a-t-il insisté.

«Tout ce que je mentionne, c'est mon inquiétude d'une perte de confiance accrue des investisseurs, des milieux financiers dont les agences de notation. Personne ne souhaite une décote pour le Québec: la politique du pire est la pire des politiques. (...) Ce serait vraiment désastreux d'avoir une décote, je ne parle pas de ça actuellement, mais je m'inquiète du signal envoyé dans les milieux financiers», a dit le chef du PLQ.