Le gouvernement Marois pensait s'en tirer sans trop de mal. À la veille du dépôt de la synthèse des opérations financières, Nicolas Marceau misait sur une augmentation des transferts fédéraux, imprévue lors du dépôt de son budget l'an dernier. Mais la bouée de sauvetage n'arrivera pas; Québec doit se résoudre à annoncer un douloureux 2,5 milliards de dollars de déficit pour l'année en cours.

L'annonce devrait tomber jeudi prochain. Hier, le ministre Marceau n'a pas contesté les chiffres publiés par La Presse, qui indiquait que le gouvernement s'apprêtait à annoncer un report de deux ans de l'atteinte du déficit zéro. Les annonces tomberont très bientôt, s'est contenté de dire le ministre Marceau, traversant au pas de charge le Parlement.

La semaine dernière, le chef libéral Philippe Couillard avait paru banaliser la situation, indiquant que le déficit était prévisible, non seulement cette année, mais pour les trois ou quatre années à venir. Hier, il tentait de corriger le tir; sa sortie de la semaine dernière lui aurait valu des commentaires aigres-doux de ses collaborateurs, semble-t-il. «On peut dire que le PQ est responsable d'un fiasco économique important. Les coupes sont visibles, les taxes scolaires augmentent... Pourtant, ils font des centaines de millions d'annonces, la crédibilité budgétaire n'est pas au rendez-vous», a dit le chef libéral. La semaine dernière, a-t-il insisté, il avait voulu souligner «la crainte» d'un retour au déficit. «On veut l'équilibre budgétaire pour 2014-2015, et un plan crédible de retour à l'équilibre», soutient M. Couillard.

«Le gouvernement Marois nous dit:«C'est pareil partout», or, ce n'est pas vrai, souligne Philippe Couillard. En Ontario, les chiffres de prévisions budgétaires sont au rendez-vous. Quand on regarde les chiffres sur les impôts des sociétés, on est en décroissance de 12%, alors qu'on prévoyait une augmentation de 9%. La situation du Québec est particulière, on s'est éloigné du plan de retour à l'équilibre prévu et c'est au gouvernement de s'expliquer», observe Philippe Couillard.

Le prochain budget «sera le bulletin d'un an et demi de gouverne péquiste, et cela sent déjà l'échec», dit-il.