Alors que les députés libéraux demandent encore au gouvernement péquiste de démontrer comment il équilibrera le budget cette année, leur chef Philippe Couillard songe maintenant à reporter cet objectif.

«Pour l'année prochaine, on doit s'approcher le plus possible de l'équilibre et avoir un plan pour les deux ou trois années suivantes, qui nous amènent vers un équilibre solide», a expliqué le chef libéral Philippe Couillard, avant de quitter l'Assemblée nationale pour faire une annonce sur la forêt à Girardville.

À Québec, ses députés déposaient une motion pour que le ministre des Finances, Nicolas Marceau, «s'engage formellement à présenter un plan de retour à l'équilibre budgétaire».

Comme leur chef, les députés libéraux, menés par Pierre Paradis, Sam Hamad et Nicole Ménard, affirment que l'équilibre budgétaire demeure une «priorité». Et ils partagent les mêmes inquiétudes. Le déficit s'est creusé dans les derniers mois. Il atteindrait maintenant 2,3 milliards, selon les derniers chiffres du ministère des Finances. L'atteinte du déficit zéro - un engagement du Parti québécois - apparaît donc «irréaliste», disent tous les libéraux. Le ministre Marceau fera le point d'ici trois prochaines semaines lors de sa mise à jour économique.

Les députés libéraux maintiennent la pression sur le gouvernement. Leur chef adopte un autre discours moins partisan et pense à ce qu'il ferait une fois au pouvoir.

En vertu de la Loi sur l'équilibre budgétaire, un déficit en 2013-14 serait reporté l'année suivante. Québec serait alors obligé de déposer un plan pour équilibrer son budget suivant. Un surplus d'un milliard devrait être engrangé pour compenser le déficit. D'autres surplus pourraient être nécessaires les années suivantes si le déficit en 2013-14 dépasse un milliard.

Et il ne veut pas se mouiller à partir d'hypothèses. Il veut connaître tous les chiffres avant de fixer un échéancier pour l'atteinte du déficit zéro.

Malgré sa prudence, il insiste sur l'importance du principe. «L'équilibre budgétaire, c'est fondamental pour rétablir notre liberté de choix, recommencer à contrôler la dette du Québec, ce n'est pas un sujet banal.»

L'opposition libérale et caquiste a envoyé un subpoena au ministre Marceau pour le forcer à témoigner en commission parlementaire avec les derniers chiffres des organismes non budgétaires. On craint que la hausse de ces dépenses rende l'atteinte du déficit zéro encore plus improbable cette année. «On nous demande ce qu'on va faire pour atteindre l'équilibre budgétaire, et en même temps, le chef dit que si (on atteint le déficit zéro dans) trois ou quatre ans, ce n'est pas un problème.»

La Coalition avenir Québec a aussi dénoncé M. Couillard. Son chef François Legault accuse son vis-à-vis libéral de «se servir de la carte de crédit des Québécois, car il n'a pas le courage de faire le ménage dans les dépenses de l'État».

La CAQ doute du «trou libéral»

À son arrivée au pouvoir en 2012, le gouvernement péquiste a exagéré le problème du trou dans les finances publiques, accuse la Coalition avenir Québec. 

Le gouvernement péquiste se plaignait d'écoper d'un trou de 1,6 milliard laissé par le gouvernement libéral. 

En commission parlementaire aujourd'hui, le ministre des Finances, Nicolas Marceau et son équipe ont expliqué au caquiste Christian Dubé d'où venait ce «trou». Il s'agissait de dépenses anticipées, mais non engagées par l'ancien gouvernement libéral.

Lors de sa dernière conférence de presse comme ministre des Finances, en septembre 2012, le libéral Raymond Bachand indiquait que les dépenses pour l'année 2012-13 dépassaient «d'environ 800 millions» les prévisions. 

Il n'est pas inhabituel que les dépenses en cours d'année dépassent les prévisions et que le gouvernement donne un coup de barre pour atteindre ses objectifs. C'est ce que M. Bachand projetait de faire. 

Quelques semaines plus tard, le ministre péquiste des Finances, Nicolas Marceau, affirmait que le «trou» laissé par les libéraux s'élevait en fait à 1,6 milliard (1,1 milliard en dépenses anticipées non budgétées, et 500 millions de revenus plus faibles que prévu à cause de la croissance économique). M. Marceau expliquait devoir resserrer les dépenses pour atteindre la cible de déficit. 

Cette année, en 2013-14, l'objectif est le déficit zéro. Mais après quatre mois de l'année financière, le déficit s'élève déjà à 2,3 milliards. Les dépenses ont bondi de 4,3%, alors que la cible était de 1,9%. Le gouvernement péquiste s'en est défendu en disant qu'il s'agissait d'engagements financiers anticipés faits plus rapidement que prévu. Le gouvernement péquiste promet qu'il fera les ajustements nécessaires et atteindra ses cibles.