Le ministre de l'Environnement, Yves-François Blanchet, s'est défendu d'avoir renoncé à une promesse électorale en segmentant l'évaluation des impacts environnementaux de la filière pétrolière québécoise.

M. Blanchet a déclaré jeudi qu'il était normal, pour le Parti québécois (PQ), de préciser sa démarche une fois au gouvernement, notamment parce que les conditions entourant les divers gisements empêchent une approche unique.

«Il ne semblait pas cohérent de dire "nous allons faire une seule approche mur-à-mur", mais bien que nous allions adapter l'approche à chacun des cas, a-t-il dit. Ce n'est donc pas d'avoir renoncé à un engagement, mais d'avoir précisé, peaufiné un engagement pour l'adapter à la réalité de la présence de la ressource sur notre territoire.»

En marge d'une annonce sur le recyclage, M. Blanchet a assuré que la formule retenue, exposée partiellement jusqu'ici, ira plus loin que le mandat que le PQ avait promis de confier au Bureau d'audiences publiques en environnement (BAPE) sur l'ensemble de la filière pétrolière.

« Ça va être plus complet, parce qu'en faisant une évaluation environnementale et, le cas échéant, des consultations publiques sur chacun des dossiers distinctement, on va aller chercher davantage de précisions adaptées à la nature spécifique de chacun des projets, de chacun des territoires, de chacune des caractéristiques géographiques, démographiques des endroits où, potentiellement, il pourrait y avoir de l'exploitation. »

L'île d'Anticosti, la Gaspésie et le golfe du Saint-Laurent, au large des Îles-de-la-Madeleine, sont les trois secteurs où des entreprises s'intéressent à des gisements d'hydrocarbures.

En août 2012, le Parti québécois avait promis de mandater le BAPE pour qu'il se penche sur l'ensemble de cette industrie, qui est encore au stade de l'exploration à Anticosti et en Gaspésie. La première ministre Pauline Marois a ensuite fait marche arrière, au printemps, en privilégiant plutôt une évaluation segmentée en fonction des divers projets.

Le gouvernement est notamment favorable à la poursuite d'activités d'exploration en Gaspésie et à l'île d'Anticosti, où l'engagement a été pris de mandater le BAPE seulement si le gisement de pétrole de schiste s'avère exploitable.

En Gaspésie, plusieurs voix, notamment celle du Conseil régional de l'environnement Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, réclament des audiences du BAPE dans la région.

Dans le golfe du Saint-Laurent, un moratoire est toujours en vigueur sur les activités dans le secteur pétrolier.

Jeudi, M. Blanchet a défendu le changement de cap du gouvernement en répétant qu'il faut traiter chacun des gisements avec une approche régionale. Le ministre a donné l'exemple du gaz de schiste, qui doit être frappé par un moratoire, dont les gisements se trouvent dans la région géographique de la vallée du Saint-Laurent.

« Il est normal qu'une fois au gouvernement, on mette en oeuvre et on précise les actions qu'on compte entreprendre », a-t-il dit.

En septembre, le gouvernement avait dévoilé une étude très attendue qui constatait que la population des régions du golfe du Saint-Laurent était réticente envers l'exploitation des hydrocarbures marins.

Sans exclure la possibilité que le BAPE soit mandaté dans ce secteur, la ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, a promis d'annoncer prochainement une démarche de consultation « structurée, rigoureuse, avec échéancier ».

M. Blanchet ne s'est pas avancé sur l'approche qui sera mise de l'avant pour la Gaspésie ou pour remplacer un BAPE générique sur l'ensemble de la filière, que le PQ avait promis.

« Mon intention, à terme, est de m'assurer qu'il n'y a pas de compromis sur la définition des conditions qui permettraient ou pas l'exploitation pétrolière dans la plus grande et la plus absolue sécurité des citoyens, a-t-il dit. C'est sûr qu'en terme de sécurité, ultimement, ce sera l'équivalent de l'ensemble de la démarche que vous voudrez bien identifier, mais ce n'est pas une seule démarche. »

Depuis son élection, M. Blanchet a mandaté le BAPE pour l'étude complète des impacts environnementaux des filières du gaz de schiste et de l'uranium.

Jeudi, M. Blanchet a annoncé un plan d'action qui a pour objectif le recyclage de 100% des déchets organiques d'ici 2020.

Le député de Québec solidaire Amir Khadir juge que le gouvernement semble avoir manqué de courage devant les pressions du secteur pétrolier.

«On se place dans une position d'humiliation devant le lobby pétrolier, a-t-il dit. C'est un peu comme envoyer le message que contre ce lobby, un gouvernement ne peut rien, alors qu'il me semble que le PQ avait pris une résolution. Il n'y a rien de mal à envisager d'aborder la filière énergétique, le pétrole, comme un dossier d'ensemble qu'il faut gérer de manière intégrée.»