Le candidat libéral fraîchement investi dans Argenteuil, Yves St-Denis, a été rencontré par l'UPAC l'an dernier, mais son intégrité ne fait pas de doute aux yeux du chef Philippe Couillard à la lumière de ses vérifications.

Yves St-Denis est président de la commission scolaire des Affluents (CSA), dans Lanaudière. Au début de 2012, deux enquêteurs de l'UPAC l'ont rencontré au sujet d'un contrat de 465 000$ que la CSA a accordé à Rogers Communications pour l'achat et l'entretien de 300 téléphones cellulaires. Or, M. St-Denis détient 10% des parts dans la boutique Rogers de Terrebonne, qui profite en partie du contrat. Et la soumission de Rogers était 15 000$ plus élevée que celle du concurrent Telus.

En entrevue à La Presse, M. St-Denis a nié s'être placé en situation de conflit d'intérêts. Il n'a pas participé à la prise de décision. Il n'était pas membre du comité de sélection. «J'ai tellement fait ça dans les règles que c'est ça qui a allumé mes opposants politiques», a-t-il plaidé. Il a fait valoir qu'en vertu de règles gouvernementales, d'autres critères que le prix ont été pris en considération, si bien que la soumission de Rogers avait, finalement, «le meilleur prix ajusté».

«Il n'y a jamais eu de perquisition» de l'UPAC, a soutenu M. St-Denis. «J'ai rencontré les deux enquêteurs, et ils n'ont pas porté de conclusions. Le dossier est clos.»

L'UPAC refuse de préciser où en est l'enquête, comme elle le fait dans tous les cas. «On ne peut pas confirmer ou infirmer» que le dossier est clos, a dit sa porte-parole Anne-Frédérick Laurence.

Dans la Revue de Terrebonne du 10 janvier 2012, une commissaire, Lucette Whittom, qui a quitté son poste depuis, condamnait l'octroi du contrat à Rogers. «Comment le comité de sélection a-t-il pu attribuer plus de points à Rogers quant à la qualité de son service considérant que nous étions satisfaits du service offert par Telus et considérant que l'expérience de Telus avec la CSA est nettement plus significative? (...) À mes yeux, il y a apparence de conflit d'intérêts», affirmait-elle. Jointe par La Presse, elle dit avoir rencontré l'UPAC, mais elle ajoute que les enquêteurs ne lui ont pas donné de nouvelles depuis. «J'ai toujours les mêmes doutes qu'à l'époque sur ce contrat. J'avais voté contre, et je vais toujours défendre ma position bec et ongles», a-t-elle lancé.

Critiques

Le syndicat de l'enseignement de la région des Moulins avait également exprimé des critiques le 10 janvier 2012 dans un article du Journal de Montréal. La présidente, Francine Lussier, a affirmé à La Presse que, pour son syndicat, «le dossier est fermé». «L'UPAC m'a contactée pour savoir ce que je savais. J'ai dit que je n'en savais pas beaucoup dans le dossier, c'est juste qu'on trouvait ça bizarre peut-être la manière dont ça avait été expliqué. Je n'ai jamais entendu parler du dossier par la suite. Il n'y a jamais eu de suivi», a-t-elle dit.

Yves St-Denis a été élu par acclamation candidat du PLQ dans Argenteuil - sa région natale - lors d'une assemblée d'investiture dimanche. Le Parti québécois a ravi cette circonscription au PLQ l'an dernier, à la suite du départ du député libéral David Whissell.

***

«Je vais défendre les commissions scolaires!»

Honnies par la Coalition avenir Québec, malmenées par le Parti québécois, les commissions scolaires voient le Parti libéral s'adjoindre l'un de leurs partisans. «C'est sûr que je vais défendre les commissions scolaires», a lancé le candidat libéral Yves St-Denis, président de la commission scolaire des Affluents (CSA).

Il a déjà qualifié de «dégueulasse» la décision du gouvernement Marois d'imposer des compressions de 200 millions alors que, selon lui, les commissions scolaires ne peuvent se serrer la ceinture davantage. La CSA a augmenté la taxe scolaire de 24,5% sur son territoire, ce qui est supérieur à la moyenne de 15%. Elle a réduit ses dépenses administratives au cours des dernières années, se défend M. St-Denis. «On a déjà gratté les fonds de tiroir. On est allés chercher 4,5 millions par année. L'effort, on l'a fait», a-t-il plaidé.

Québec forcera les commissions scolaires à rembourser aux contribuables 100 millions au cours des deux prochaines années, l'équivalent de la moitié de la hausse de taxes imposée cette année. Le gouvernement envisage de fusionner des commissions scolaires et veut leur retirer le pouvoir de taxation. La CAQ veut abolir ces institutions. Le PLQ est opposé à cette idée mais, jusqu'ici, il est resté plutôt évasif sur ses intentions au sujet des commissions scolaires.

Une candidature passée au crible, dit le PLQ

«M. Couillard a demandé qu'une vérification soit faite sur chaque personne qui souhaite se présenter ou participer à une assemblée d'investiture. Les vérifications sont faites par des enquêteurs d'une firme externe. Dans le cas de M. St-Denis, il n'y a pas eu de suite à son dossier [à l'UPAC] et les enquêteurs de la firme ont confiance qu'il n'a absolument rien à se reprocher dans ce dossier-là. C'est la raison pour laquelle il sera candidat à la prochaine élection. Il y a des gens qui, à la suite de ce type d'enquête de la firme, ne pourront pas se présenter pour différentes raisons, donc ce n'est pas une passoire cette affaire-là. L'association libérale du comté d'Argenteuil a appuyé la candidature de M. St-Denis, une personne respectée dans son coin et les gens connaissent son intégrité.»

- Harold Fortin, attaché de presse du chef libéral Philippe Couillard

Le Parti québécois reste prudent

«Je ne connais pas les détails de cette affaire. Et je ne connais pas M. St-Denis. Je vais le laisser avec son problème. Selon quelqu'un que je connais bien qui a assisté à son investiture, il a dit que les gens qui sortiraient cette histoire-là, ce ne serait pas correct de leur part.»

- Le député péquiste d'Argenteuil, Roland Richer

***

L'UPAC au PLQ 

8 juillet: l'UPAC mène des perquisitions au siège social du PLQ, à Montréal.

17 septembre: Philippe Couillard essuie des reproches de ses propres députés pour les avoir tenus dans l'ignorance au sujet des perquisitions qui sont alors révélées par les médias.

18 septembre: Philippe Couillard reçoit la visite impromptue, à son domicile, de deux enquêteurs de l'escouade Marteau, le bras policier de l'UPAC. 

24 septembre: Philippe Couillard confirme en conférence de presse que l'UPAC a rencontré la directrice générale du PLQ.