Une commission Charbonneau «permanente» pour déjouer les stratagèmes des entrepreneurs corrompus, l'abandon de la règle du plus bas soumissionnaire, des inspecteurs municipaux forcés de changer périodiquement de secteur pour éviter le copinage: les idées ne manquaient pas, dimanche, lors du deuxième débat opposant les trois candidats à la direction du Parti libéral du Québec (PLQ) pour assurer l'intégrité du processus d'attribution des contrats publics.

Un seul candidat a clairement pris ses distances du gouvernement Charest. Philippe Couillard estime que la commission Charbonneau aurait dû être déclenchée plus tôt et que les tergiversations de Québec ont aggravé le problème.

Pas de collisions frontales lors du deuxième des cinq débats prévus, mais quelques piques bien senties. Raymond Bachand a critiqué Philippe Couillard pour ses positions «théoriques» favorables au capitalisme international. Pierre Moreau a pris à partie Raymond Bachand, qui s'attribuait seul la réussite des négociations avec Ottawa sur la TPS.

Il a aussi visé ses deux adversaires, enclins à faire vibrer la corde nationaliste. «On fait fausse route si on pense attirer des francophones en ne déclarant pas clairement qu'on est fédéralistes.»

Avec un parti éclaboussé par des révélations de la commission Charbonneau, les candidats marchaient sur des oeufs en matière d'intégrité. Raymond Bachand a proposé que les permanents et les bénévoles du PLQ soient soumis à un code d'éthique. Pour Pierre Moreau, un code d'éthique «n'est pas suffisant»; les nominations de présidents de sociétés d'État et de candidats aux délégations du Québec à l'étranger «devraient être soumises à un examen». Hormis les sous-ministres, toutes les nominations devraient être indépendantes, croit pour sa part Philippe Couillard.

Ce dernier a affirmé que, sans renier le «modèle québécois», il faut reconnaître que l'État «s'est hypertrophié» et qu'il faut en réduire la taille. Pour Raymond Bachand, il faudrait indiquer aux contribuables, une fois l'an, la valeur des services et des soins dont ils ont profité.

Une commission permanente

Pierre Moreau s'est démarqué en proposant de rendre la commission Charbonneau permanente. La police aurait ainsi deux avenues pour faire avancer ses dossiers: la voie normale des mises en accusation, mais, dans les cas où la Couronne ne peut avancer, les dossiers pourraient être soumis à cette instance permanente.

Pour Raymond Bachand, il serait «prématuré» de rendre la commission Charbonneau permanente. Il rappelle que ces exercices risquent d'écorcher inutilement des réputations.

Pour sa part, Philippe Couillard indique que cette idée de permanence de la Commission peut être intéressante, mais demeure «précoce».

Plus de 300 militants ont assisté au débat.