Les relations entre la ministre Martine Ouellet et son ancien employeur, Hydro-Québec, n'ont jamais été simples. Hydro a refusé une demande pressante de la responsable des Ressources naturelles qui souhaitait avoir son bureau ministériel au siège social de la société d'État.

La Presse a appris que Mme Ouellet a fait cette demande dès ses premières rencontres avec le président d'Hydro, Thierry Vandal. Une telle proximité du ministre ne laissait présager rien de bon pour la direction de la société d'État et on est poliment passé à d'autres sujets.

Un coup de fil de la direction d'Hydro au Conseil exécutif a scellé l'affaire. Le ministre des Ressources naturelles n'aura jamais de pied-à-terre dans l'édifice d'Hydro. Il n'y a pas eu de refus officiel, mais on s'est assuré que la demande «tombe dans la mélasse», expression bien connue chez les mandarins qui, sans contredire leurs patrons politiques, s'assurent que les commandes embarrassantes n'arrivent jamais à terme. «On n'en entendra plus jamais parler», a-t-on expliqué à La Presse. Mme Ouellet a toujours eu des rapports aigres-doux avec son employeur - elle était montée au créneau avec les groupes environnementalistes pour attaquer des projets pilotés par la société d'État.

Relancée sur cet imbroglio cette semaine, Mme Ouellet n'a pas desserré les dents. Les frictions entre l'ex-pasionaria de l'environnement et son ministère sont connues dans l'administration à Québec. Mme Ouellet s'est même colletée, sans succès, avec son sous-ministre Patrick Déry, ancien des Finances et de l'Autorité des marchés financiers, deux postes où il a côtoyé Jean St-Gelais, redevenu depuis septembre secrétaire du Conseil exécutif, donc patron de tous les fonctionnaires.

Étude sur les redevances

La Presse a appris de bonnes sources que Mme Ouellet s'est fâchée quand elle a pris connaissance de l'étude de PricewaterhouseCoopers, faite en partenariat avec Fraser Milner Casgrain, sur le régime de redevances minières. En gros, l'étude commandée par le gouvernement libéral conclut que le régime en place, basé sur les profits, est meilleur que la formule évoquée par le Parti québécois, qui consiste à percevoir des redevances sur la production.

Au ministère des Ressources naturelles, on soutient ne pas connaître le contenu de l'étude qui relève du ministère des Finances. Mais il est clair que depuis qu'elle a pris connaissance des conclusions, Mme Ouellet est publiquement plus ouverte à la discussion sur le régime de redevances. D'ailleurs, Québec a décidé de ne pas prendre position dans le budget Marceau, adopté hier à l'Assemblée nationale. On repousse le débat délicat à un comité d'études avec les minières et à un «forum» l'année prochaine.

Cette semaine, à un congrès réunissant les sociétés minières, Martine Ouellet s'est montrée désormais ouverte à de nouvelles formules. Le taux de redevances pourrait être modulé selon le type de minerai ou le degré de transformation. «On est ouvert sur les modalités», a-t-elle soutenu.

En campagne électorale, le Parti québécois avait proposé un régime hybride, selon lequel une redevance serait perçue sur la valeur brute, et non sur la valeur nette comme c'est actuellement le cas. Le taux serait de 5%. Et un impôt de 30% serait ajouté au «surprofit», soit un rendement de plus de 8%.