Le Fonds de la sécurité routière ne sert pour l'instant qu'à payer la bureaucratie, déplore la caquiste Sylvie Roy. «Il n'y a rien eu pour les victimes de la route», déplore-t-elle.

Ce nouveau Fonds est essentiellement alimenté par le projet-pilote de radars photo mis en place en mai 2009. Il y a actuellement 15 radars photo et caméras de surveillance aux feux rouges. Selon les derniers chiffres, 146 664 contraventions ont été distribuées. La somme des amendes payées ou confirmées: 18 244 000$.

Selon la loi, cette somme doit être «affectée exclusivement au financement de mesures ou de programmes de sécurité routière et d'aide aux victimes de la route».

Jusqu'ici, l'argent n'a servi qu'à administrer le projet-pilote. Plus de 13,6 millions ont servi à payer les frais engagés par les ministères de la Justice et des Transports ainsi que par les corps policiers, de même que des frais de communications et d'entretien, des imprévus et l'amortissement des investissements. Mme Roy a obtenu ces chiffres en vertu de la Loi sur l'accès à l'information. «Depuis le début, on dit que ça ne doit pas devenir une machine à imprimer de l'argent pour le gouvernement. Nos craintes se confirment», avance-t-elle.

Le ministre réplique

Le ministre des Transports, Pierre Moreau, ne comprend pas la critique: «Ces dépenses, dit-il, c'est pour payer le projet-pilote, un programme qui améliore la sécurité routière. On a toujours dit que ce programme se financerait, et c'est ce qui se passe.»

Il rappelle que, dans les 15 zones du projet, on a noté une diminution moyenne de près de 12 km/h, une baisse d'environ 65% des excès de vitesse et de 99% des grands excès de vitesse ainsi qu'une diminution de 20 à 30% des accidents. «Et 80% de la population est pour», ajoute-t-il.

Les amendes perçues dépassent d'environ 5 millions les dépenses administratives. Ce surplus sera investi dans de nouveaux programmes de prévention ou d'aide aux victimes, promet le ministre. «Si le bénéfice net est dans les caisses, c'est parce qu'on est encore dans le projet-pilote», indique-t-il. Il assure que, dans quelques semaines, il annoncera comment le bénéfice sera investi. Il pourrait donner le feu vert à un réseau de radars photo, comme l'a recommandé à l'unanimité la Commission des transports et de l'environnement en novembre dernier. La Commission, non partisane, était présidée par la péquiste Danielle Doyer et comptait l'adéquiste Janvier Grondin. Elle a conclu que le projet-pilote améliorait la sécurité et que le gouvernement devrait donc étendre le réseau. «Il ne faut pas que ça devienne une machine à cash pour le gouvernement», a-t-elle toutefois prévenu.

Elle a donc suggéré que les radars soient installés seulement dans les zones à risque élevé d'accidents où la surveillance policière est difficile. Mme Roy craint que le ministre ne se serve des radars photo pour payer «la bureaucratie». «Si c'était de la prévention, on aurait mis les radars sur les routes secondaires. C'est là qu'il y a le plus d'accidents meurtriers. Mais on les a mis sur les autoroutes, pour attraper le plus de gens possible et faire plus d'argent», dit-elle.