Le premier ministre Jean Charest a défendu hier le Plan Nord, critiqué par les Innus de Pessamit.

«Il y a une communauté [en guerre], mais la vaste majorité des Premières Nations et des Innus qui habitent sur le territoire du Plan Nord l'appuie massivement», a-t-il répondu, hier, à l'issue d'une conférence de presse à Montréal.

Selon Jean Charest, le Plan Nord est le projet «de toute une génération», alors que l'opposition des Innus de Pessamit s'inscrit au coeur d'une négociation.

La communauté innue, installée sur la Côte-Nord, réclame 5 milliards en 50 ans à Québec. Hier, le chef de Pessamit, Raphaël Picard, a rejeté l'offre de 350 millions du gouvernement, qualifiée de «ridicule» au regard du «viol» subi par son territoire. L'attitude du gouvernement dans ce dossier a aussi été qualifiée de coloniale.

La communauté innue promet de faire connaître son opposition dans les grandes villes américaines et européennes que Jean Charest a récemment visitées. Elle menace de bloquer la route 138 et est prête à solliciter l'avis de la Cour supérieure sur la question.

Mais selon le premier ministre, le Plan Nord n'est ni menacé ni compromis.

«Il faut faire la distinction entre les demandes d'une communauté innue, qui demande des milliards de dollars comme compensation. Et, de toute évidence, ces demandes ne sont pas comparables avec les négociations faites avec d'autres communautés», minimise-t-il.

Jean Charest a aussi répondu aux critiques de Jacques Parizeau qui, dans une interview accordée au Devoir, croit que les Québécois se sont «fait avoir» dans la négociation entre le gouvernement et les sociétés minières.

«On va laisser à M. Parizeau le droit de s'exprimer. Mais nous, on sait ce qu'on a préparé en concertation avec les gens dans le Nord. On sait ce qui est sorti de deux ans de concertation avec ceux qui habitent le territoire, et avec les groupes écologistes. C'est un magnifique projet à long terme», croit Jean Charest.

Le gouvernement a mis en place des «partenariats» avec les sociétés minières. «La mine de diamant est un bon exemple. Le Québec est propriétaire à 37% de Stornoway. Donc ça, c'est nous, les Québécois. Il y a un projet de route. Le gouvernement investit, la compagnie aussi. Nous avons prévu 500 millions de dollars pour investir dans des projets», dit M. Charest.

«Il faut donner la chance au Plan Nord de partir. Il faut laisser la chance aux projets d'émerger. J'ai fait une tournée de plusieurs capitales financières pour susciter l'intérêt et permettre aux développeurs d'investir dans le Nord. Vous savez, c'est une vision intégrée qui va se développer sur 25 ans», croit-il.

- Avec La Presse Canadienne