Il n'y aura pas «d'alliance» entre la Coalition pour l'avenir du Québec et l'Action démocratique. Les adéquistes sont tout simplement conviés à «adhérer à la Coalition», a prévenu hier Martin Koskinen, le bras droit de François Legault.

C'est d'ailleurs ce qui a été convenu, a-t-on appris d'autre source, lors d'une rencontre privée entre François Legault et Gérard Deltell, à Montréal, lundi dernier. Rencontrant son exécutif quelques heures plus tard, le chef adéquiste n'en avait soufflé mot à son équipe toutefois. Informé depuis ce face à face, un membre de l'exécutif de l'ADQ était furieux - certains d'entre eux envisagent désormais de se réunir cette semaine puis de sommer publiquement leur chef, isolé, de cesser ses tergiversations.

Les députés adéquistes ne seront pas présents au lancement du nouveau parti, lundi à Québec. «Il n'a jamais été prévu qu'ils soient là», dit une source. François Legault ajoutera aux engagements déjà annoncés par la CAQ ses intentions «de faire le ménage dans la construction», histoire de s'accrocher à l'actualité immédiate. On a aussi trouvé une formule pour aplanir les différences entre la CAQ et l'ADQ sur la question de la santé - la Coalition n'exclura pas explicitement le recours au privé dans le secteur de la santé.

La CAQ ne veut pas se retrouver subitement avec une aile parlementaire à gérer à l'Assemblée nationale avant les Fêtes.

La publication d'un texte dans Le Devoir d'hier où on niait qu'une fusion des deux partis était en préparation - on parlait plutôt d'une «alliance» des forces adéquistes avec le groupe de Legault - a fait déborder le vase. Cette position est diamétralement opposée à ce qui avait été exprimé par Deltell, François Bonnardel et Janvier Grondin, rencontrés il y a quelques jours à Québec par un des confidents de François Legault. À mots couverts, on comprenait même que ces élus - hormis M. Grondin qui ne se représente pas - songeaient déjà à leurs responsabilités dans un éventuel gouvernement de François Legault, confie-t-on.

La reconnaissance

«Ce qui a toujours été discuté, c'est que l'ADQ se joigne à nous, qu'elle adhère à la Coalition», a tranché sans appel Martin Koskinen. Son interlocuteur, Éric Vachon, chef de cabinet de Gérard Deltell, a dès le début de la journée, par un coup de fil, tenu à rassurer les stratèges de la CAQ, a-t-on appris. «On nous dit que [l'idée de l'alliance], ce n'est absolument pas la position de Deltell ni du caucus», résume-t-on.

En périphérie de l'ADQ, Jean Allaire, membre de l'exécutif, et Mario Charpentier, ancien président du parti, travaillent depuis longtemps à la fusion des deux groupes.

Lors de leur rencontre restée secrète, lundi dernier, Gérard Deltell a bel et bien abordé avec François Legault la question de la reconnaissance parlementaire du nouveau groupe, une fois que les députés auront changé d'allégeance. Mais on pense que si l'ADQ avait pu être reconnue avec quatre députés, il sera difficile pour le bureau de l'Assemblée nationale de ne pas reconnaître la CAQ qui, potentiellement, en comptera sept, lors de la reprise des travaux à l'Assemblée nationale, après les Fêtes, en février 2012.