L'opposition péquiste critique la trop grande discrétion du gouvernement Charest devant le projet de loi fédéral qui accroît des peines de prison, parce qu'il provoquera une augmentation des coûts de plusieurs centaines de millions de dollars pour le Québec seulement. L'opposition veut que Québec soit compensé.

Trois députés péquistes, Bernard Drainville, Véronique Hivon et Stéphane Bergeron, ont convoqué la presse, vendredi à Montréal, pour dénoncer ce qu'ils appellent un transfert de coûts aux provinces, imposé par un choix idéologique du gouvernement conservateur de Stephen Harper.

Ils critiquent ainsi le projet de loi omnibus, déposé en septembre dernier, qui regroupe huit projets à caractère judiciaire, touchant notamment les peines aux jeunes contrevenants et la quasi-abolition des peines avec sursis. Ces deux dernières mesures touchent plus particulièrement les provinces, qui subiront les augmentations de coûts, même s'il s'agit d'une décision fédérale.

L'opposition péquiste trouve certaines mesures fédérales acceptables - comme la réforme des libérations conditionnelles qui laissera plus de place aux victimes et des peines plus sévères pour ceux qui commettent des crimes contre les enfants - mais elle estime que ces mesures acceptables sont fondues dans un ensemble disparate de mesures.

«Être plus dur avec un criminel qui s'en est pris à des enfants, on est d'accord avec ça, mais enlever le droit au sursis pour une personne qui a volé du bétail, on trouve ça épais. Puis ça va nous coûter une fortune. Mais le fédéral, le gouvernement Harper nous dit: «vous paierez pour ça, ce n'est pas notre problème; prenez l'argent dans les hôpitaux et les écoles si vous n'êtes pas contents», a résumé le député Drainville, responsable du dossier des affaires intergouvernementales canadiennes.

L'opposition officielle estime que l'ensemble des mesures coûtera quelque 5 milliards $ au Canada, dont «au moins un demi-millard qui devra être assumé par le Québec ne serait-ce que pour la simple question de l'abolition des sursis», a estimé le député Bergeron, porte-parole des dossiers de sécurité publique.

L'opposition péquiste demande donc au gouvernement Charest d'exiger que le gouvernement fédéral compense le Québec pour cette augmentation des coûts.

Jusqu'ici, le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, a évoqué la possibilité d'une telle compensation du fédéral, mais pas avec suffisamment d'ardeur et pas officiellement, selon le député Drainville.

«À ce jour, on n'a entendu aucun mot, aucun commentaire depuis le dépôt du projet de loi fédéral de la part du ministre québécois de la Justice. Où est Jean-Marc Fournier dans ce dossier? Où est Dominique Vien responsable de la protection de la jeunesse dans ce dossier-là?» a demandé la députée Hivon, porte-parole péquiste pour les dossiers de justice.

De son côté, le cabinet de la ministre Vien a fait savoir qu'une seconde lettre avait été transmise au gouvernement fédéral lorsque le projet de loi fédéral est revenu au feuilleton, en septembre. De même, le ministre Fournier a demandé une rencontre avec le fédéral pour faire part de ses objections face au projet de loi, notamment en ce qui a trait à la façon de traiter avec les jeunes contrevenants.