Devant les 400 délégués péquistes réunis en conseil national, le député d'Abitibi Ouest, le doyen de sa formation à l'Assemblée nationale, a exhorté son parti à faire preuve de plus de discipline.

«On a été souvent nos propres adversaires », a-t-il constaté se disant convaincu que le PQ serait plus populaire auprès de la population «si on n'avait pas fait de folies».

«De toutes les batailles, je crois que les plus destructrices sont celle qu'on se livre entre nous, quand les coups viennent des nôtres ... c'est dur. On dit que le courage vient de l'épreuve on devrait être équipé.... Il y a un bout à se faire mal tout le temps» de lancer le député honoré après 35 ans de carrière politique - il est élu sans interruption dans Abitibi-Ouest depuis 1976.

En avril dernier, le PQ avait une image d'unité, à la sortie du congrès où les troupes paraissaient ralliées, derrière Mme Marois a-t-il rappelé.

«La presse aurait dit du bien de nous si on avait pas fait de folies. Ils auraient salué notre performance... les sondages étaient prometteurs, mais on a tout raté ça» a-t-il lancé.

Les démissionnaires, députés comme présidents d'associations, «devraient se rappeler que le PQ a marqué la société québécoise, et que l'on ne peut pas quitter le navire pour une petite chaloupe de sauvetage, en disant qu'on veut la souveraineté».

Appelant la fin des «périodes d'errances de défaite et de maux de ventres, il observe: on a été trop souvent nos propres adversaies, certains d'entre nous pour régler des comptes personnels».

«On a fait quelques erreurs, elles ont été admises. Mais, il faut repartir arrêter de jouer dans les chaloupes qui vont couler, et rester dans le grand bateau» dira-t-il.

Gendron a traversé bien des crises au PQ, le «beau risque» de René Lévesque, les démissions de Pierre Marc Johnson, de Jacques Parizeau, Lucien Bouchard, Bernard Landry, et André Boisclair.

«Je n'ai aucun reproche à faire aux chefs du PQ, ils ont accepté de telles responsabilités qu'on doit saluer leur courage quoi qu'il arrive!»

Le vétéran a rappelé la défaite souverainiste du 20 mai 1980, qui n'avait pas empêché toutefois une réélection du PQ l'année suivante.

Pour Pauline Marois, François Gendron a relevé que la loyauté des électeurs depuis 35 ans s'expliquait par un égal engagement du député envers ses commettants. «Quand on s'éloigne du bon sens, il nous rappelle toujours; on peut-tu écouter le monde un peu?».

«Je ne suis pas quelqu'un qui parle juste pour rien dire» a-t-elle ironisé, faisant une courte nomenclature de «gendronismes».

Guy Chevrette a relevé les «35 ans de confiance» des commettants d'Abitibi Ouest, mais surtout «sa loyauté envers ses chefs». «On a connu des moments pénibles» au début des années 1980, au moment où le gouvernement Lévesque sabre durement dans les salaires des fonctionnaires, Gendron et Chevrette, issus du milieu syndical, sont coincés. «On s'est rallié, on a compris que notre fonction devait transcender tout le reste» se souvient Chevrette.

«Je sais que pour toi c'est dans l'harmonie, et dans la solidarité qu'on aura le plus de chances de convaincre nos concitoyens» de soutenir Chevrette.

Le président du PQ, Raymond Archambault a loué «la franchise et le franc-parler» de l'Abitibien, «un monument du Québec». Le comté d'Abitibi Ouest a connu 18 élections depuis sa formation en 1994. François Gendron en aura remporté 9, rappelle-t-il.

Sur le ton de la blague l'ancien journaliste, a rappelé qu'il avait eu sa chance à Radio Canada dans la foulée de l'élection de Gendron et de ses collègues de 1976. Beaucoup de journalistes de la société d'État s'étaient retrouvés appelés dans les cabinets politiques à l'époque, rappelle-t-il.