Les citoyens qui communiqueront avec l'Unité permanente anticorruption pour dénoncer des gestes illégaux dont ils ont connaissance bénéficieront d'une totale protection. Ils ne pourront faire l'objet de menaces ou de représailles dans le cadre de leur travail, énonce le projet de loi 15, déposé hier à l'Assemblée nationale.

Son parrain, Robert Dutil, titulaire de la Sécurité publique, a aussi précisé que la Loi sur les normes du travail serait modifiée pour tenir compte de cette protection plus étendue.

Pas question de favoriser la «délation», mais on s'attend à ce que des gestes illégaux soient portés à l'attention de la nouvelle escouade. «On incite les gens à le faire, de façon respectueuse et selon nos chartes, mais on veut les protéger. Il faut que les gens qui sont conscients qu'il se passe des choses puissent faire des déclarations à l'abri de représailles, qu'ils puissent faire leur devoir de citoyen sans subir aucune conséquence.»

Tout se fera de façon confidentielle, mais, au surplus, la loi prévoit des dispositions explicites pour cette protection. «Je ne conçois pas qu'une personne puisse être déplacée parce qu'elle a fait son devoir», a-t-il dit.

Ce ne sera pas la seule source d'information pour les policiers, une ligne téléphonique mise en place par la nouvelle organisation s'avère déjà efficace, a-t-il relevé.

Avec son projet de loi, le ministre Dutil fait sourire l'opposition péquiste. «On est rendu au septième ou huitième projet de loi. Chaque bobo a son projet de loi, ironise Stéphane Bédard, leader parlementaire de l'opposition. Pour lui, on pourrait même tenir une consultation générale pour savoir à quoi ont servi les huit derniers projets de loi.»

Déposé hier, le projet de loi 15 officialise la nouvelle escouade, et institue le poste de commissaire à la lutte contre la corruption. Robert Lafrenière doit coordonner toutes les actions en matière de lutte contre la corruption, il a le mandat de recevoir, consigner et examiner toutes les dénonciations, et de coordonner l'équipe d'enquête.

Le projet de loi institue aussi au sein de la commission de la construction une «unité autonome de vérification» qui surveillera cette industrie. Ce groupe relèvera exclusivement de la présidence de la Commission de la construction du Québec (CCQ), plutôt que de son conseil d'administration où siègent des syndicats et des représentants de l'industrie.