Québec espère réduire de 20% la consommation d'eau potable d'ici à 2017. Pour atteindre cet objectif, le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, devrait dévoiler ce matin une nouvelle stratégie d'économie d'eau potable, selon les informations recueillies par La Presse.

La stratégie devrait surtout miser sur deux éléments. D'abord, un changement au Code de construction, qui a été amendé avec la nouvelle loi 122, adoptée en décembre dernier. La nouvelle version du Code favorise l'écoefficacité des bâtiments et décourage les équipements qui consomment beaucoup d'eau. Il s'agit de mesures incitatives, et non coercitives. La mesure est destinée aux ICI (industries, commerces, institutions). Par exemple, on voudrait que les écoles et hôpitaux utilisent les climatiseurs qui fonctionnent à l'air, plutôt que ceux qui fonctionnent à l'eau.

L'autre volet sera axé sur la sensibilisation. En plus d'une campagne publicitaire, on demanderait aux municipalités de produire un bilan de leur utilisation de l'eau. Elles devraient aussi proposer des moyens de réduire leur consommation.

Compteurs d'eau

Si la cible de 20% n'est pas atteinte d'ici à 2017, Québec prévoit installer des compteurs d'eau dans les ICI et exiger des redevances. «Les gens paient déjà avec leurs taxes pour l'eau, indique une source au Ministère. On aimerait que les gens soient sensibles à son coût et aux méfaits de son gaspillage.»

Malgré tout, l'eau ne coûte pas cher au Québec, environ quatre fois moins qu'en France, et sept fois moins qu'en Allemagne. Une tarification existe, mais seulement pour les grands utilisateurs. Huit années après l'adoption de la politique nationale de l'eau, Québec a mis en place en janvier une redevance pour les grands utilisateurs, comme les embouteilleurs d'eau, qui consomment plus de 75 000 m3/jour. Ils paient désormais 70$ pour chaque million de litres d'eau. Les autres ICI doivent quant à eux payer 2,50$ par million de litres. Les secteurs de l'agriculture et de l'énergie hydraulique étaient toutefois exemptés.

Certaines villes ont déjà installé des compteurs d'eau. C'est le cas de Montréal, où l'administration Tremblay a toutefois été éclaboussée par les allégations de favoritisme. Le contrat accordé au consortium GÉNIeau a été résilié. Une enquête publique a aussi été lancée.

Gaspillage et fuites

Même s'ils se disent attachés à l'environnement, les Québécois sont les plus grands consommateurs d'eau du pays (voir tableau). C'est aussi au Québec qu'on trouve la plus grande proportion de la consommation qu'on ne réussit pas à retracer. La consommation résidentielle compte pour 25% du total et la non résidentielle, pour 56%. Le reste (19%) est non identifié. On pense qu'elle provient des fuites dans les réseaux municipaux de distribution, dont les infrastructures sont souvent vétustes.

Par exemple, Montréal et Gatineau perdraient jusqu'à 40% de leur eau en fuites.