La chef péquiste Pauline Marois prédit pour bientôt «la fin de l'hiver libéral», qui ramène le Québec à l'époque de Maurice Duplessis.

À un mois du congrès de son parti où elle fera face à un vote de confiance, elle pense déjà aux lendemains et a livré un discours aux couleurs électorales à sa députation et aux dirigeants des associations de circonscription, réunis à Trois-Rivières samedi. Sans doute inspirée par la météo, elle a voulu fouetter ses troupes, même si rien ne laisse encore présager des élections au Québec à court terme.

«Depuis le mois d'avril 2003, nous traversons un long hiver (...) libéral, fédéraliste, un hiver de force, mais qui nous affaiblit, a dit Mme Marois dans son discours. Mais le printemps politique s'en vient. Ce sera un printemps souverainiste. Il y aura des élections générales qui permettront aux Québécois de chasser ce gouvernement, de briser l'embâcle libéral.»

Elle réclame «vivement des élections» pour que le gouvernement cesse de vendre les ressources du Québec «pour une bouchée de pain».

À ce titre, la chef péquiste est revenue sur les conclusions du rapport du BAPE sur les gaz de schiste, selon lesquelles le Québec aurait pu recueillir 5 milliards $ en redevances auprès de l'industrie s'il avait appliqué le même régime que l'Alberta. Elle a aussi fait mention des droits pétroliers de l'île d'Anticosti cédés par Hydro-Québec.

Elle a dit que le Québec en «était presque revenu» au régime unioniste de Duplessis, qui vendait le fer à «un cent la tonne aux Américains».

«Les libéraux sont en train de nous déposséder de notre héritage, de nos ressources. (...) Le gouvernement Charest laisse les compagnies minières extraire nos ressources naturelles pour des miettes. Ce gouvernement libéral a littéralement donné les permis d'exploration des gaz de schiste pour 10 cents l'hectare. (...) Il est au service d'intérêts particuliers.»

Sur le même ton, Mme Marois soutient que les libéraux donnent l'impression de tout faire «pour saboter la lutte à la corruption», puisqu'ils ont créé une escouade anticorruption toujours sans tête dirigeante et ont démotivé les procureurs avec une loi forçant leur retour au travail.

«Tout laisse croire que la mafia continue de s'enrichir aux dépens des Québécois», a dénoncé Pauline Marois en demandant de nouveau une commission d'enquête sur l'industrie de la construction.

Il est temps que les libéraux «dégagent» et laissent la place à un «gouvernement souverainiste, honnête et responsable», a-t-elle plaidé sous les applaudissements.

La chef péquiste a ainsi voulu se montrer aux militants sous son jour le plus combatif, à ce dernier rendez-vous avant le grand congrès d'avril, où elle sollicitera leur appui au cours d'un vote de confiance. C'est un test décisif au PQ, qui a déjà fait subir des gifles à ses anciens chefs, que ce soit René Lévesque, Lucien Bouchard, ou Bernard Landry, qui avait même choisi de démissionner devant un résultat insatisfaisant.

Mais rien ne permet de croire que Pauline Marois fera face à une rebuffade. Elle se sent «rassurée». Elle estime être en bonne position pour remporter ce vote au congrès prévu du 15 au 17 avril à Montréal.

«Je suis confiante pour la suite des choses», a-t-elle déclaré en point de presse, avant le début de la réunion en matinée.

«J'ai rencontré beaucoup de mes militants pendant les congrès régionaux. J'ai reçu un très bel accueil. J'ai un contact qui est assez étroit avec les militants (...) depuis que je suis à la barre du parti. On a eu de bons débats ensemble, on a fait des consensus (...). À partir de là je ne peux qu'être rasssurée pour la suite des choses.»

L'arrivée de son ancien collègue François Legault à la tête d'un mouvement politique concurrent n'y changera rien, selon elle, parce qu'il a «baissé les bras» sur ce qui est fondamental au Parti québécois: la souveraineté.

«(L'arrivée de M. Legault) ne me met pas plus de pression sur moi, a-t-elle plaidé. Ça me donne au contraire de nouveaux arguments, parce que le véritable changement est du côté du Parti québécois. Nous, nous proposons de nous donner un pays, alors que François Legault baisse les bras devant ces défis que l'on devrait relever comme peuple.»

Le militant et ancien patron de la CSN, Marc Laviolette en arrive aux mêmes conclusions.

«Je ne vois pas pourquoi il n'y aurait pas un vote de confiance fort (en sa faveur). Parce que François Legault s'excite? Les membres sont souverainistes ici.»

Les députés péquistes présents à la réunion de samedi en ont aussi profité pour serrer les rangs. Eux aussi ont claironné que leur chef remportera le vote de confiance.

Aucun d'entre eux ne s'est aventuré à prédire un pourcentage d'appuis, sauf Scott McKay, qui estime qu'elle obtiendra mieux que les 76,2 pour cent recueillis par Bernard Landry.

«À partir du moment qu'elle a plus que Bernard Landry quand il a démissionné, ce devrait être suffisant pour qu'elle soit à l'aise, a-t-il déclaré. Mais je pense qu'elle aura beaucoup plus que ça. Je sens un grand vent de confiance, d'optimisme.»