L'opposition péquiste accuse le gouvernement Charest de ne pas avoir respecté sa part de l'effort budgétaire qu'il devait fournir pour rétablir l'équilibre des finances publiques. Selon les calculs du PQ, ce n'est pas 38% de l'effort qui sera fourni par les contribuables, mais 44%.

Le PQ promet d'amorcer la prochaine session parlementaire avec les deux mains sur sa calculatrice. «(Les libéraux) ne respectent pas leurs engagements», a dit Mme Marois en clôture du congrès de pré-session de son parti hier à Laval. La chef péquiste surveillera le gouvernement en 3D: déficit, dépenses et dette.

Le PQ s'inquiète entre autres du fardeau de la dette. «Jamais le Québec ne se sera autant endetté que sous le gouvernement libéral de Jean Charest. La dette va augmenter de 44 milliards $, c'est du jamais vu», avance Mme Marois.

En décembre dernier, le ministre des Finances, Raymond Bachand, prévoyait que la dette brute grimperait à 200 milliards $ en 2014, une situation qu'il jugeait lui-même « sérieuse ».

Selon Mme Marois, le gouvernement risque aussi de contribuer moins qu'il ne le prétend aux réductions de dépenses.

Québec doit atteindre l'équilibre budgétaire en 2013-14. On a déjà annoncé qu'à cette date, il y aura eu des réductions de dépenses de 11,2 milliards $. Cet effort sera réparti ainsi: 62% des économies viendront du gouvernement, et 38% des contribuables. À ce 11,2 milliards $ épargné s'ajouteront des réductions additionnelles de 1,1 milliards $.

Québec ne sait pas encore comment il fera pour épargner ce 1,1 milliards $. Au ministère des Finances, on explique se garder une marge de manoeuvre. Cette économie pourrait provenir de différentes sources. Par exemple: de recettes additionnelles grâce à la croissance économique ou à l'indemnisation espérée par Ottawa pour l'harmonisation de la TPS-TVQ.

Le Parti québécois n'hésite pas à supposer que cet argent sauvé proviendra de la croissance économique. Cela changerait les proportions, calcule le péquiste Nicolas Marceau. Dans cette hypothèse, les contribuables auront donc fourni plus d'effort: 44% au lieu de 38%. Le gouvernement, lui, contribuerait à 54% de l'effort au lieu de 62%.

La présidente du Conseil du trésor, Michelle Couchesne, accuse le PQ de bâcler ses calculs. «On ne peut pas faire des prévisions des dépenses comme ça sur le bord d'une table», lance-t-elle.

Mme Courchesne rappelle que Québec compte 70 000 emplois de plus aujourd'hui qu'au début de la récession. Elle ajoute que si la province s'est endettée, c'est aussi en partie pour des dépenses en infrastructures qui ont permis de mieux traverser la crise.

Dans ses calculs, le PQ prend aussi pour acquis que Québec n'obtiendra pas le 2,1 milliards $ compensatoire d'Ottawa pour avoir harmonisé ses taxes. M. Marceau souhaite cet argent. Mais il craint qu'Ottawa ne soit trop gourmand dans ses demandes.

Au Québec, les entreprises ne se font pas toutes rembourser la TVQ. Le gouvernement retient environ 500 millions $ par année des entreprises. M. Marceau insiste que Québec ne doit pas abandonner cette pratique pour contenter Ottawa. « On aurait 2,1 milliards $ d'un coup, mais on perdrait 500 millions $ par année! (...) On ne doit pas accepter d'entente à rabais», lance-t-il.