Deux ans après la sortie de Nicolas Sarkozy contre les souverainistes québécois, le PQ «normalise» ses relations avec l'UMP, le parti du président français.

La critique de l'opposition en matière de relations internationales, la député péquiste Louise Beaudoin, s'est appliquée à rétablir le dialogue avec la droite à la faveur d'une mission à Paris qui s'est terminée en fin de semaine.

Pendant son séjour, Mme Beaudoin a évoqué le sujet au sénat avec le vice-président de l'Union pour un mouvement populaire, l'ex-premier ministre Jean-Pierre Raffarin, mais aussi avec le secrétaire général adjoint du parti de la majorité, Hervé Novelli.

«Ce qui est important, c'est de travailler avec le parti du président et ils le veulent aussi, c'est une volonté réciproque, a expliqué la députée en entrevue. On est d'accord pour dire que des relations équilibrées doivent se développer avec la droite. Ca n'a pas été le cas pour les raisons que l'on sait, mais aussi parce que le PQ était moins présent en France quand il était le deuxième parti d'opposition.»

Après sa rupture avec la politique française de «non-ingérence, non indifférence», Nicolas Sarkozy avait attaqué les souverainistes québécois, en février 2009, voyant en eux l'incarnation du «sectarisme», de la «division» et de la «détestation de son voisin». Depuis des voix se sont fait attendre à droite, celle de l'ex-premier Alain Juppé notamment, pour que Paris revienne au «ni-ni».

«On ne leur demande même pas ça, corrige Louise Beaudoin. On demande seulement des relations normalisées avec l'UMP, comme ce n'était plus le cas. La relation France-Québec existe au-delà des options de chaque parti. Il faut que tous les partis embarquent dans cette dynamique, nonobstant leurs options. C'est dans l'intérêt de tous.»

En novembre dernier, l'UMP avait tendu la main au Bloc québécois, proposant à Gilles Duceppe de passage à Paris d'établir des «relations officielles», proposition que le chef bloquiste s'était empressé d'accepter.

Le Parti québécois entend lui aussi officialiser cette reprise du dialogue avec la droite. «Après le congrès du parti en avril, nous allons formaliser nos relations avec l'UMP . On va faire les choses concrètement», annonce Louise Beaudoin.

L'UMP a d'ailleurs été invitée à envoyer des observateurs aux assises péquistes du printemps. Le Parti socialiste, comme d'habitude, a déjà confirmé sa présence.

«Avec Jean-Pierre Raffarin, on a convenu qu'il fallait sortir de l'idée que les libéraux sont avec la Droite et nous avec le PS. On doit dépasser ces affinités, peut-être normales, pour ouvrir le dialogue», a résumé Mme Beaudoin.

Pendant son séjour, l'ancienne ministre des Relations internationales a aussi pris part à un colloque sur l'héritage de Philippe Séguin, le plus souverainiste des hommes politiques français, décédé il y a un an.