Le gouvernement Charest «utilise à outrance» la firme National, dénonce le Parti québécois. Depuis 2007, la Régie du bâtiment, présidée par Michel Beaudoin, conseiller politique sous Brian Mulroney et ex-candidat libéral, a confié six contrats totalisant 80 000$ à National, dont le bureau de Québec est dirigé par un autre ancien conseiller conservateur, Luc Ouellet, proche de Jean Charest.



«Entre M. Ouellet et M. Beaudoin, c'est le festival des petits contrats», a lancé le député péquiste Bertrand Saint-Arnaud à l'Assemblée nationale, mercredi. «Il est bien connu que National a ses entrées au gouvernement libéral. Au fil des ans, National a obtenu sans appel d'offres des dizaines de contrats totalisant des centaines de milliers de dollars», a-t-il ajouté.

Selon le PQ, National a obtenu sans appel d'offres un contrat de 10 000$ pour préparer une réunion du conseil d'administration de la SODEC. Un autre contrat pour rédiger un discours d'une minute du ministre Clément Gignac à l'Assemblée nationale a coûté 6400$. «C'est 106$ la seconde!» a noté M. Saint-Arnaud. Le ministre soulignait l'obtention d'un prix par le Bureau de normalisation du Québec.

Le député Saint-Arnaud a demandé «ce que National vient faire à la SODEC que les fonctionnaires de celle-ci, déjà payés par les contribuables, ne peuvent pas faire».

Le leader parlementaire du PQ, Stéphane Bédard, a fait la nomenclature de contrats décrochés par National auprès de plusieurs ministères, organismes et cabinets ministériels. «Alors que le gouvernement bat des records de masse salariale dans les cabinets, comment justifier l'utilisation à outrance de la firme National? a demandé M. Bédard. Comment expliquer cet effort colossal du gouvernement de souhaiter que National ait tous les contrats?»

Réplique

La présidente du Conseil du Trésor, Michelle Courchesne, a répliqué qu'«il est faux de prétendre qu'il n'y a pas d'appel d'offres». Elle a expliqué que le gouvernement lance un appel de qualification pour sélectionner des firmes de communication à qui ministères et organismes donneront des contrats pendant une période de trois ans. Ministères et organismes «choisissent parmi ces agences» sans qu'il y ait d'autres appels d'offres. Michelle Courchesne a ajouté que ce système a été mis en place par le gouvernement péquiste au début des années 2000.

Le leader parlementaire du gouvernement, Jean-Marc Fournier, estime que «l'indignation» du PQ est «un peu surprenante et très artificielle». De 1996 à 2003, alors que le Parti québécois était au pouvoir, «National a facturé par année 474 000$ aux divers ministères et organismes publics». En 1998, Hydro-Québec a payé 1,4 million de dollars à cette firme pour l'organisation d'une conférence de presse à Churchill Falls, a-t-il ajouté. «On pourrait dire, j'imagine, qu'il y avait un peu d'amitié entre les différents intervenants du gouvernement et National.» Luc Lavoie, qui travaillait pour National à l'époque, et Lucien Bouchard, qui était premier ministre, sont amis.

Le PQ «ne peut quand même pas soulever la question des cabinets ministériels» et de leur masse salariale, a dit M. Fournier, rappelant que le gouvernement Landry comptait 36 ministres.