Pour gérer le projet Eastmain-1A-Sarcelle-Rupert, Hydro-Québec a accordé sans appel d'offres un contrat de plus de 295 millions de dollars au consortium Énergie gérance, formé de BPR, Dessau, Axor et le Groupe SM.

Le PQ n'hésite pas à parler de «collusion». «C'est la nouvelle façon de faire de la collusion et d'abattre la concurrence. Au lieu de faire ça de façon secrète, ils le font maintenant de façon ouverte. Ils se présentent en consortium et négocient directement sans appels d'offres. On pense que les coûts sont beaucoup plus élevés», a accusé Sylvain Simard, porte-parole de l'opposition officielle pour le Conseil du trésor.

Sans concurrence, impossible de savoir si Hydro-Québec paye un juste prix, dit M. Simard. Il souligne aussi que les dirigeants de ces firmes sont de «gros contributeurs» au PLQ.

Ces accusations courroucent la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau. «Il n'y a pas eu de collusion», assure-t-elle. La vice-première ministre dit avoir son «voyage»  des conclusions «malhonnêtes» du PQ qui n'ont «rien à avoir avec la réalité».

Mme Normandeau indique que c'est Hydro-Québec qui a court-circuité le processus d'appel d'offre en s'adressant directement à ces quatre firmes. Le consortium a donc été formé à l'été 2005.

Un appel d'offre aurait même augmenté la facture d'Hydro-Québec, soutient Réal Laporte, président de la division Équipement et services partagés d'Hydro-Québec et pdg de la Société d'énergie de la Baie-James (SEBJ).

«Si tu vas en appel d'offre et qu'il y a peu de soumissionnaires, tes prix vont être plus élevés», avance-t-il. Selon lui, il valait mieux «prendre les agents dans le marché et négocier une entente satisfaisante avec un bon prix».

Pourquoi si peu de potentiels soumissionnaires? «Il n'y a pas 25 firmes au Québec, répond M. Laporte. Il y en a neuf grosses.» Et les chantiers en cours demandaient déjà «l'expertise de la majorité des firmes du Québec». Il n'y aurait donc pas eu d'autres soumissionnaires à un appel d'offre.

On ne pouvait pas non plus confier la gestion du chantier aux firmes qui l'avaient conçu, poursuit-il. Cela aurait créé «un conflit d'intérêt».

Hydro-Québec fonctionne ainsi depuis les années 70, dit Mme Normandeau. La société d'État n'a pas invité des entreprises étrangères à un appel d'offre.

La majorité du 295 millions de dollars servira à payer les salaires des employés de ces firmes sur le chantier. Ces employés seront payés à un tarif préétabli, inférieur aux normes de l'Association des ingénieurs-conseils du Québec.

En point de presse mardi, Mme Normandeau et M. Laporte ont dit que le projet Eastmain-1A-Sarcelle-Rupert coûterait «environ 200 millions de dollars» de moins que les 5 milliards  prévus. En fait, le coût initial du projet était de 4 milliards de dollars. Hydro-Québec l'avait révisé à 5 milliards en 2007.

Le chantier comporte trois phases. La dernière devrait être complétée en 2012.

Et les liens entre les firmes du consortium et le PLQ? Mme Normandeau dit que cela «n'a rien à voir» avec le contrat accordé, et que des dirigeants de ces firmes ont aussi contribué aussi au PQ.

L'information sur ce contrat accordé sans appel d'offre vient de documents qu'Hydro-Québec a déposés à l'Assemblée nationale. Depuis plusieurs mois, le PQ demande à la société d'État de dévoiler les données sur ses 22 000 contrats accordés entre 2000 et 2010. Elle a tardé à le faire, invoquant la lourdeur de la tâche. Après avoir été accusée d'outrage au parlement, Hydro-Québec doit déposer jeudi les derniers documents demandés.