Au lendemain d'une défaite crève-coeur à l'élection partielle de lundi dans Kamouraska-Témiscouata, Jean Charest reconnaît que les électeurs lui ont «envoyé un message».

«Je pense que, dans le résultat, il y a un reflet du sentiment que les Québécois ont de la politique aujourd'hui. Et je pense qu'ils ont le sentiment d'être désabusés», a indiqué le premier ministre hier.

«On comprend bien le message qui nous est envoyé, puis on l'accepte», a-t-il ajouté.

Pauline Marois l'a alors encore une fois mis au défi de créer une commission d'enquête publique sur l'industrie de la construction. M.Charest a encore une fois refusé.

En 2008, feu Claude Béchard avait facilement gagné la circonscription de Kamouraska-Témiscouata, avec une avance de 6612 votes. Le PLQ détenait cette circonscription depuis 25 ans. La libérale France Dionne a récolté 196 votes de moins que le nouveau député, le péquiste André Simard.

En Chambre, M.Charest a souligné que cet écart est inférieur au nombre de bulletins rejetés, soit 296. «Cheap!» ont répliqué hors micro des péquistes. «Deux électeurs sur trois ont voté contre le gouvernement libéral», a lancé Pauline Marois. «Il y en a deux sur trois qui ont voté contre le PQ», a répliqué M.Charest.

»Doute raisonnable»

Selon le premier ministre, si les Québécois sont désabusés, c'est notamment à cause des attaques personnelles lors des échanges à l'Assemblée nationale. Une critique qui «vaut pour tout le monde», selon lui.

Les libéraux n'ont pas indiqué s'ils contesteraient les résultats de l'élection partielle. Il leur reste encore trois jours pour le faire. On peut demander un dépouillement judiciaire quand le résultat est très serré, mais il faut que l'écart entre le gagnant et son plus proche rival soit inférieur à un millième des votes. Ce n'était pas le cas dans Kamouraska. Les libéraux devraient donc faire valoir au Directeur général des élections qu'il existe un «doute raisonnable» que des irrégularités ont été commises.

Rappelons que, comme le PQ avait terminé troisième aux élections précédentes dans la circonscription, il n'a pas pu nommer de scrutateur à l'élection partielle de lundi. Ce sont l'ADQ et le PLQ qui ont choisi le directeur, le secrétaire et les préposés du scrutin.

* * *

VERS UN DÉPOUILLEMENT JUDICIAIRE?

Au lendemain d'une élection historique où le Parti québécois a mis la main sur Kamouraska- Témiscouata, forteresse libérale depuis 1985, France Dionne, candidate de cette formation politique, étudie la possibilité de contester le résultat de l'exercice en demandant un dépouillement judiciaire. «Le Parti québécois ne l'a emporté que par 196 voix de majorité, alors que 296 bulletins ont été rejetés», a expliqué Nicolas Rochette, responsable des communications de Mme Dionne. Selon la loi, cette dernière dispose d'un délai de quatre jours pour présenter une telle requête. Ce n'est d'ailleurs qu'une fois ce délai passé que les résultats seront officiellement proclamés. Le Soleil