Le premier ministre Jean Charest a entamé sa mission écourtée en France aujourd'hui avec l'intention de rester loin de la controverse qui fait rage au Québec sur son refus de déclencher une enquête publique sur l'industrie de la construction.

Vingt-quatre heures après avoir survécu au vote sur la motion de censure déposée par le Parti québécois, Jean Charest a martelé une réponse aux journalistes qui le questionnaient sur le sujet: «On a parlé de tout ça, hier».

Le premier ministre a refusé de commenter le sondage CROP-La Presse révélant que 81% des Québécois lui font «peu ou pas du tout» confiance pour «redresser la situation» dans le secteur de la construction. «Notre gouvernement est très déterminé. Nous avons pris les bons moyens et les des moyens très importants. (...) Il faut permettre aux procureurs et aux policiers de faire leur travail», s'est-il contenté de répondre.

Jean Charest a indiqué qu'«en politique, il faut être jugé aux résultats», ajoutant avoir «réussi» le «mandat économique» pour lequel il dit avoir été élu il y a deux ans. «Le Québec s'en tire mieux qu'ailleurs», a-t-il soutenu.

Le premier ministre tenait son point de presse en compagnie du maire de Paris, Bertrand Delanoë, avec lequel il venait d'avoir un entretien. Le maire, qui se décrit comme un «ami personnel» de M. Charest, a promis de souligner le cinquantième anniversaire, l'an prochain, de la création de la délégation générale du Québec à Paris. «Nous allons essayer de faire plein de choses sympas», a-t-il lancé. Il envisage de rénover la Place du Québec, dans Saint-Germain-des-Prés. «Peut-être la mettre en lumière, lui donner le plus possible de prestige et de visibilité», a-t-il dit.

Lors de la Fête de la musique, le 21 juin, «si on a l'autorisation de la préfecture de police», M. Delanoë souhaite la tenue d'un «bon concert (...) dédié totalement à l'anniversaire de notre famille». Jean Charest a souligné l'importance que revêt l'anniversaire du «vaisseau amiral de la diplomatie québécoise».

Cette mission de Jean Charest se fait dans le cadre des «visites alternées» entre premiers ministres français et québécois qui ont lieu tous les deux ans. Pour l'occasion, M. Charest a droit à des honneurs réservés aux chefs d'État. Il a été accueilli ce matin à l'aéroport par la Garde républicaine -qui a joué la Marseillaise- et la secrétaire d'État auprès de la ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, Marie-Anne Montchamp. Les policiers ont bloqué la circulation tout le long du trajet du convoi de la délégation québécoise jusqu'au coeur de Paris.

M. Charest a rencontré le président du Sénat, Gérard Larcher, et a dîné en compagnie de quelques sénateurs. En début de soirée, il a participé à une cérémonie à la mémoire du soldat inconnu, à l'Arc de Triomphe. Il a déposé une gerbe de fleurs, composée entre autres de lys. Il terminait sa journée en prenant un repas en compagnie d'une dizaine de dirigeants de compagnies françaises qui ont des investissements au Québec ou envisagent d'y investir.

Jean Charest devait passer la semaine en France mais il a revu ses plans à la suite du dépôt de la motion de censure du PQ. Sa mission -sa cinquième en deux ans- sera d'une durée de deux jours. «Il n'y a pas de petites visites en France. Il n'y a que de grandes visites», a-t-il insisté.

«Je suis vraiment très très heureux de tout l'effort fait du coté français pour faire (de cette visite) un succès. Parce que le président de la République a changé son horaire pour me recevoir demain matin à 10h», a-t-il souligné. Après son entretien avec Nicolas Sarkozy à l'Élysée, M. Charest rencontrera le premier ministre François Fillon.