L'opposition à Québec se réjouit de la volte-face de la FTQ, qui demande désormais elle aussi une enquête publique sur l'industrie de la construction. «M. Charest a perdu son dernier allié», a lancé Pauline Marois.

Selon elle, le premier ministre n'a plus le choix. Il doit déclencher la commission d'enquête publique, réclamée par plus de trois Québécois sur quatre.



La chef du PQ croit que le gouvernement est aujourd'hui «complètement isolé». (Voir tableau) «De quoi monsieur Charest a-t-il peur pour ne pas accepter cette demande qui est actuellement en train de devenir unanime?» a-t-elle raillé.

Même son de cloche de la leader parlementaire de l'ADQ, Sylvie Roy. «M. Charest n'a plus le choix. Son dernier allié vient de céder», juge celle qui avait été la première en avril 2009 à réclamer une commission d'enquête.

Mercredi après-midi, le PQ a présenté une nouvelle motion exigeant la tenue d'une enquête «publique et indépendante sur l'ensemble de l'industrie de la construction, sur l'octroi de contrats publics, de permis ou de subventions ainsi que sur le financement des partis politiques». Elle a été défaite par les députés libéraux.

Le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, répète que les commissions d'enquête sont «longues» et «coûteuses». Il préfère les enquêtes policières, plus efficaces selon lui pour mener à des arrestations. Il pense que l'escouade Marteau suffira pour «démanteler des systèmes criminels».

Faux dilemme, rétorque l'opposition, qui soutient qu'on peut déclencher à la fois une commission d'enquête publique et des enquêtes policières.

M. Dutil a notamment minimisé l'opposition du syndicat de la Sûreté du Québec, qui souhaite lui aussi une commission d'enquête. «Le seul policier qui a demandé ça, c'est M. Dagenais, leur président. Point à la ligne.» Selon M. Dutil, ce n'est «pas assez».

Il demande aux Québécois «d'être patients» et de faire confiance à l'escouade Marteau. Le gouvernement Charest invite les Québécois qui détiennent des preuves à les présenter aux autorités policières.

Vincent Auclair, député libéral de Vimont, dit s'être fait offrir une enveloppe suspecte par le maire de Laval. Il a attendu huit ans et des appels d'un journaliste de Radio-Canada avant de parler. Le premier ministre assure croire la version de son député. Ce qui fait dire à Mme Roy que M. Charest tient un «double langage». «Si la police était la réponse à ce genre de corruption, Vincent Auclair serait allé voir la police», conclut la députée adéquiste.

Elle croit que le gouvernement Charest sera puni par la population. « (Refuser de tenir l'enquête) va leur faire plus mal que de la mener comme tous les Québécois le demandent.»

Quel mandat?

L'ADQ a suggéré mercredi de tenir une enquête sur «la corruption au Québec». «Ça prend un mandat large pour rétablir la confiance», croit Mme Roy.

Mme Marois craint qu'un tel mandat ne soit trop ambitieux. «Il ne faut pas tirer dans toutes les directions et être si large qu'on fait tout et son contraire à la fois, prévient-elle. Il y a présentement des allégations qui sont liées à l'octroi des contrats de construction, que ce soit dans le domaine des infrastructures, des édifices municipaux ou gouvernementaux. Et je crois que si on cerne cela, on devrait arriver à des résultats.»