«Profondément choquée», la chef péquiste Pauline Marois juge que Gilles Vaillancourt devrait quitter la mairie de Laval le temps que la SQ enquête sur ce qu'elle considère comme des tentatives de corruption. Son parti va jusqu'à réclamer la mise en tutelle de la ville.

«Les accusations sont sérieuses et proviennent de gens sérieux», l'ancien ministre péquiste Serge Ménard et le député libéral Vincent Auclair, a plaidé Mme Marois à l'entrée d'une réunion de son caucus mardi. «À mon point de vue, M. Vaillancourt devrait se retirer de ses fonctions.»

Mme Marois a souligné que des maires - ceux de Terrebonne et de Mascouche - ont quitté temporairement leurs fonctions en raison de «soupçons qui pèsent sur eux», des allégations de conflits d'intérêts impliquant des entrepreneurs de construction. Dans le cas de M. Vaillancourt, «il y a des accusations formelles, du moins des révélations formelles qui sont faites que le maire (...) aurait tenté de verser des sommes», a-t-elle fait valoir.

Serge Ménard affirme que Gilles Vaillancourt lui a offert 10 000$ en espèces alors qu'il était candidat sous la bannière péquiste en 1993. De son côté, Vincent Auclair dit que le maire lui a aussi offert une enveloppe pour l'aider dans sa campagne électorale de 2002.

«Je suis profondément choquée par ce que nous découvrons», a lancé Pauline Marois. La chef péquiste n'a pas voulu dire si M. Ménard aurait dû parler de cette affaire avant, ajoutant que la question doit lui être posée. «Il ne s'est pas fait corrompre, malheureusement quelqu'un a tenté de le faire», a-t-elle dit. Elle n'a pas voulu dire non plus si M. Auclair devrait quitter ses fonctions. «Ce n'est pas mon député», a-t-elle dit, renvoyant la balle au premier ministre Jean Charest.

Selon elle, ce serait «préférable que les élus dénoncent sur-le-champ». «Quant à moi, je n'ai pas de raison de croire que dans mon équipe, il y ait eu des personnes qui auraient été approchées de cette façon-là, du moins je n'en ai eu aucune information, ni pour mes anciens collègues», a-t-elle affirmé.

Pauline Marois n'a pas interrogé ses députés. «Je tiens pour acquis qu'ils sont responsables, qu'il y a de la probité chez les membres de mon caucus et chez les anciens camarades qui ont été députés dans le passé. Si tant est que c'était arrivé à quelqu'un, j'aimerais bien qu'on m'en informe», a-t-elle dit.

Lors de la période des questions, le PQ a demandé à Jean Charest de mettre Laval en tutelle. «Il faut que la Ville continue de fonctionner, et manifestement, elle ne peut pas fonctionner avec le maire Vaillancourt et son équipe», a affirmé le député Bertrand Saint-Arnaud. Il a souligné entre autres que 75% des contrats de voirie et d'infrastructures attribués par la Ville entre 2001 et 2008 l'ont été à «un petit groupe de huit entrepreneurs».

Le gouvernement rejette la mise en tutelle. En vertu de la loi, la tutelle ne peut être imposée que s'il est démontré qu'une ville et son conseil ne peuvent plus fonctionner adéquatement, a expliqué Sylvain Bourassa, attaché de presse du ministre des Affaires municipales Laurent Lessard.

En Chambre, Pauline Marois a plaidé une fois de plus pour la tenue d'une enquête publique sur l'industrie de la construction et le financement des partis politiques. Jean Charest est «isolé», «même ses amis l'abandonnent. L'Union des municipalités en réclame désormais une», a-t-elle lancé.