Jean Charest s'est contenté «de rebrasser les mêmes vieilles cartes» avec son remaniement ministériel d'hier, soutiennent à l'unisson le Parti québécois et l'Action démocratique.

«Ça sert à quoi, à part un gros show de boucane? Cela ne change rien dans le quotidien des gens», a lancé Bernard Drainville, député péquiste de Marie-Victorin.

Selon lui, la nouvelle donne des responsabilités est «essentiellement cosmétique»: «Tu gardes les mêmes faces et tu les changes de place. Cela ne fera pas un meilleur gouvernement; c'est le même monde. Il y a des limites à ce qu'on peut faire quand on prend du vieux et tente d'en faire du neuf. Jean Charest est en panne de leadership, de vision. Il est à la tête d'un gouvernement usé et sans gouvernail.»

Ainsi, Julie Boulet, qui a eu son lot de problèmes aux Transports, «ne deviendra pas meilleure à l'Emploi», selon lui. Même chose pour les autres membres du gouvernement qui se sont échangé les portefeuilles hier.

La nouvelle donne, estime Bernard Drainville, ne change pas les orientations du gouvernement. Rien ne permet de prévoir qu'on mettra en place une commission d'enquête sur l'industrie de la construction. Plus encore, le maintien d'Yves Bolduc à la Santé vient confirmer son projet d'instaurer un «ticket modérateur» pour les usagers du réseau de la santé.

Coup dur

En outre, croit-il, les choix de Jean Charest sont un coup dur pour les députés qui attendent depuis longtemps de monter au Conseil des ministres. Aucun n'est promu, et le retour inattendu de Jean-Marc Fournier est un message sans équivoque de Jean Charest à leur endroit: «Je suis obligé de sortir M. Fournier de sa semi-retraite. C'est un désaveu assez cinglant.»

Le chef adéquiste, Gérard Deltell, est dans le même état d'esprit. Selon lui, Jean Charest a été forcé de renommer les mêmes ministres afin de ne pas mettre son gouvernement en danger avec une série de démissions.

«C'est assurément une occasion ratée pour Jean Charest de relancer son gouvernement. Les grands perdants, aujourd'hui, sont les Québécois.»

Il relève aussi que Jean Charest n'a rien fait pour imposer à son gouvernement les efforts de compressions qu'il demande à la population. Le Conseil des ministres est réduit de deux sièges, essentiellement, selon lui, parce qu'il a fallu congédier deux ministres (David Whissell et Tony Tomassi) pour des problèmes d'éthique.

À son avis, la titulaire de la Justice, Kathleen Weil, a été punie pour avoir candidement indiqué que la commission Bastarache sur la nomination des juges pourrait être élargie à d'autres sujets. M. Charest veut réduire l'opération au plus strict minimum.

À ses députés, M. Charest «envoie un message extrêmement déprimant: je n'ai pas besoin de vous pour diriger le Québec», poursuit M. Deltell.

Quant à Amir Khadir, député de Québec solidaire, il constate qu'il n'y a rien dans l'opération d'hier qui soit susceptible de «rétablir la confiance de la population».

Selon lui, avec ce remaniement, il est clair que Jean Charest refuse de voir les choses en face: «Le Québec vit une grave crise de confiance liée aux problèmes éthiques soulevés par le trafic d'influence et le financement illégal des partis politiques.»