Jean Charest a décidé de fermer les livres et de remettre à plus tard l'insoluble casse-tête du remaniement ministériel. On vise désormais la mi-août pour le jeu de chaises musicales.

Dans les cercles libéraux, on explique que Jean Charest a été mobilisé par bien des imprévus dans les dernières semaines. Les derniers rebondissements de la commission Bastarache, où l'ancien ministre Marc Bellemare ne veut plus témoigner, ont conforté M. Charest dans sa décision de procéder à tête reposée à cet exercice, de «laisser retomber la poussière».

 

À la mi-avril, La Presse avait indiqué que M. Charest se préparait à «brasser les cartes» pour présenter l'image d'un gouvernement renouvelé. La démission du ministre Tony Tomassi, deux semaines plus tard, avait donné plus de poids encore à ce projet.

Le gouvernement estime que les deux dernières semaines à l'Assemblée nationale lui ont été un peu plus favorables - Mme Marois a cessé de soulever des questions sur le financement du PLQ après que l'on eut établi des liens entre les firmes de génie-conseil et le financement de sa propre campagne à la direction du parti. On veut voir si, à la faveur de l'été, l'image du gouvernement s'améliorera un peu dans l'opinion publique.

Inquiétudes

Le taux de satisfaction et le vote des francophones sont actuellement bien inquiétants pour le PLQ. Depuis quelques semaines, Jean Charest dit invariablement qu'il ne travaille pas à un scénario de remaniement en ce moment, sans s'engager davantage, même pour le lendemain.

De plus, beaucoup de situations que Jean Charest pensait avoir réglées à temps pour le début de l'été sont toujours en suspens.

L'avenir du ministre de l'Agriculture, Claude Béchard, reste incertain. Amaigri mais toujours aussi combatif, le député de Kamouraska est revenu à l'Assemblée nationale pour la dernière ligne droite de la session parlementaire. «Il a toute sa fierté», confient des proches, et n'acceptera pas d'être un ministre figurant. Quelques semaines permettront d'y voir plus clair.

Négociations

Le gouvernement pensait bien aussi avoir terminé les négociations avec le secteur public à temps pour la Saint-Jean. Avec les infirmières, on se prépare à une guerre de tranchées cet été, et il serait difficile de bouger le ministre Yves Bolduc en cours de négociation.

Finalement, confie-t-on, faire un pied de nez aux observateurs qui ont tenté de lui forcer la main ne déplaît pas du tout à Jean Charest - en 2005, il avait décalé de quelques jours un remaniement qui avait été éventé dans les médias, rappelle-t-on.

Des ministres seront bientôt bien loin, notamment le ministre des Finances, Raymond Bachand, qui sera en mission en Asie. D'autres prendront dès juillet des vacances qu'ils attendent depuis longtemps. Pour les libéraux, le rassemblement des jeunes du PLQ a toujours été l'équivalent d'une rentrée politique. La nouvelle équipe pourrait être formée pour ce congrès, prévu en banlieue de Québec à la mi-août. Mais encore là, rien n'est acquis.