À la suite des révélations de La Presse sur le patron de l'agence de sécurité BCIA, Luigi Coretti, qui s'est servi de ses cadres pour financer le Parti libéral du Québec, le Directeur général des élections a décidé d'ouvrir une enquête.

Il scrutera donc le financement politique de l'ex-ministre Tony Tomassi, déjà l'objet d'une enquête de la Sûreté du Québec à la demande de Jean Charest.

Le 6 mai dernier, La Presse a révélé que Luigi Coretti s'était servi de ses cadres comme prête-noms pour verser des milliers de dollars au PLQ et rendre service à son ami, M. Tomassi.

Le jour même, Jean Charest a expulsé Tony Tomassi du caucus libéral parce que celui-ci avait reconnu avoir utilisé, à l'époque où il était simple député, une carte de crédit Petro-Canada appartenant à BCIA pour payer des factures d'essence. M. Charest a demandé à la SQ de «faire la lumière» sur ces «faits troublants».

Au même moment, le DGE a entamé des vérifications sur les révélations de La Presse. Résultat : «Il y a des éléments qui justifient une enquête», a affirmé une porte-parole, Audrey Garon, lundi.

Sous le sceau de la confidentialité, sept anciens cadres de BCIA ont confirmé à La Presse que Luigi Coretti leur avait donné des billets pour participer à des activités de financement du PLQ en 2007 ou en 2008. L'un d'eux a même dit avoir vu le député Tomassi remettre en personne à M. Coretti des billets pour un cocktail qui a eu lieu au golf d'Anjou le 7 avril 2008. M. Coretti avait ensuite distribué les billets, de 500 $ chacun, à une dizaine de cadres, pour une somme globale d'environ 5000 $. Les sept cadres ont tous nié avoir payé eux-mêmes les billets.

Selon la loi électorale, «toute contribution doit être versée par l'électeur lui-même et à même ses propres biens».

Tony Tomassi a quant à lui reconnu devant les médias qu'il était «possible» qu'il ait remis en personne à M. Coretti des billets pour un cocktail de financement. Avant que Jean Charest ne l'expulse, il avait fait l'objet d'allégations de favoritisme à l'égard de donateurs libéraux dans l'attribution de places de garderie. Il est maintenant député indépendant.

Cette enquête du DGE Marcel Blanchet est la troisième sur le financement du PLQ : il en a déjà ouvert une sur des éléments douteux découverts dans les rapports financiers de l'association libérale de Laviolette, la circonscription de la ministre des Transports, Julie Boulet. «Mme Boulet et son instance ne sont plus en cause», a toutefois noté Audrey Garon, qui a refusé de préciser l'objet de l'enquête.

Le DGE cherche également à savoir si les contributions des présidents de quatre festivals de Saint-Jean-Port-Joli au Parti libéral ont été faites selon les règles, et il enquête auprès des associations de circonscription des ministres Michelle Courchesne (Fabre, à Laval) et Norman MacMillan (Papineau, en Outaouais). Ces deux ministres - comme Julie Boulet, d'ailleurs - avaient déclaré que les dons des entreprises aux partis politiques sont permis, alors qu'ils sont au contraire illégaux.

Enfin, Marcel Blanchet a demandé à son service juridique de vérifier si les contributions de 20 représentants de quatre firmes de génie-conseil, surtout au PLQ, ont été faites en toute légalité.