Le ministre du Développement économique, Clément Gignac, a dénoncé vendredi la passivité du gouvernement fédéral face à la crise nationale qui frappe le secteur de la foresterie, où de nouvelles fermetures d'usines ont été annoncées cette semaine.

M. Gignac a déclaré qu'Ottawa doit cesser de faire la sourde oreille aux appels du Québec, qui réclame depuis des mois une aide financière équivalente à celle que le fédéral a accordé au secteur automobile, en Ontario.

La papetière AbitibiBowater a annoncé jeudi qu'elle allait suspendre la production, pour une durée indéterminée, dans cinq de ses usines, dont deux au Québec.

M. Gignac a affirmé que ces mesures, qui entraîneront notamment la perte de 460 emplois dans deux localités situées entre Sainte-Anne-de-Beaupré et La Malbaie, s'inscrivent dans le cadre plus large de la crise nationale qui frappe l'industrie forestière.

«On ne peut pas systématiquement assister de façon passive, comme Ottawa a fait, a-t-il dit. Ils ont fait des choses, mais on s'attend à ce qu'ils fassent beaucoup plus parce que c'est une crise nationale.»

Alors que l'industrie automobile ontarienne a reçu 7 milliards de dollars de fonds fédéraux pour sa restructuration, M. Gignac a fait valoir que l'ensemble de l'industrie forestière, au Québec, mérite le même traitement.

«On s'attend que le fédéral s'assoit avec nous autres pour pouvoir regarder la situation, pour finalement qu'on puisse restructurer cette industrie-là», a-t-il dit, en ajoutant qu'il avait téléphoné à son homologue fédéral, Denis Lebel, pour réclamer des gestes concrets.

La chef de l'opposition officielle, Pauline Marois, a raillé la «naïveté» du gouvernement du premier ministre Jean Charest, affirmant qu'il a fait des efforts insuffisants afin d'obtenir de l'aide pour le secteur forestier.

«Pourquoi ils ne la font pas, la bataille?, a-t-elle demandé. Parce qu'ils ont peur de se faire dire non, puis à ce moment-là ça prouvera qu'ils n'ont plus de rapport de force avec Ottawa.»

Selon la chef péquiste, il est grand temps pour les libéraux de mobiliser la population afin de faire pression sur le gouvernement fédéral.

«Imaginez le gouvernement appuyé par toute l'industrie forestière, par les représentants des travailleurs: disons que ça fait une petite pression sur Ottawa, ça, a-t-elle dit. Quand on veut quelque chose, on le fait.»

M. Gignac n'a pas voulu dire s'il était prêt à monter aux barricades de la même manière que son prédécesseur, Raymond Bachand, l'avait fait pour réclamer à Ottawa le maintien d'un financement de 20 millions pour des organismes sans but lucratif se consacrant au développement économique.

«C'est le temps de voir si, du côté d'Ottawa, on a à coeur l'industrie du Québec, a-t-il dit. Et moi, j'ai parlé (jeudi) après-midi à Denis Lebel pour lui dire qu'on interpellerait Ottawa et qu'on s'attendrait qu'on fasse davantage.»