Le gouvernement Charest ne s'est pas tellement serré la ceinture cette année. Le couperet tombera plutôt l'an prochain dans les ministères.

Dans le budget qu'elle a déposé hier à l'Assemblée nationale, la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, a annoncé une croissance des dépenses de programmes de 4,5%, une augmentation de 2,5 milliards de dollars. Cette croissance explique en partie le déficit de 3,9 milliards. Les dépenses frôlent maintenant les 60 milliards.

 

Pour l'année prochaine et les suivantes, la croissance sera toutefois limitée à 3,2% - un peu moins de deux milliards -, ce qui couvrira à peine les coûts de système. « C'est un objectif exigeant « mais nécessaire pour retrouver l'équilibre budgétaire, a indiqué Monique Jérôme-Forget. Même en limitant la croissance des dépenses, la ministre prévoit déjà un autre déficit, celui-là de 3,8 milliards, en 2010-2011. Le retour à l'équilibre budgétaire n'est prévu qu'en 2013-2014.

À eux seuls, les investissements supplémentaires annoncés hier pour la santé (1,5 milliard) et pour l'éducation (490 millions) font bondir les dépenses totales du gouvernement de 3,3%. Ces deux secteurs ne devraient pas recevoir autant l'année prochaine et les suivantes. Les budgets des autres ministères seront soit gelés - comme c'est le cas cette année pour plusieurs -, soit réduits.

Pour respecter l'objectif d'une hausse des dépenses de 3,2%, « nous devrons revoir et donner la priorité à nos dépenses dans le but de dégager des économies additionnelles. Nous allons éviter de sabrer dans la santé et l'éducation comme d'autres avant nous ont choisi de le faire «, a affirmé la ministre des Finances.

Défi

Selon la présidente du Conseil du Trésor, Monique Gagnon-Tremblay, le gouvernement « examinera avec rigueur chaque dépense et chaque programme avec l'objectif de réduire la progression des dépenses, mais sans compromettre les services offerts. Le défi est vraiment de taille. « Elle prévient que « le retour à l'équilibre budgétaire exigera des efforts importants «.

« Dès cette année, j'amorcerai un vaste chantier visant à respecter le cadre financier. La gouvernance dans la fonction publique et dans les réseaux de la santé et de l'éducation devra être améliorée, et les programmes, simplifiés «, a ajouté Mme Gagnon-Tremblay.

Le budget de la Famille et des Aînés gonfle de 6,1% cette année. Cette augmentation de 119 millions de dollars couvrira les coûts de système du réseau des garderies subventionnées et financera la création - déjà annoncée - de 6000 nouvelles places. Pour respecter son objectif de 220 000 places dans le réseau à l'automne 2010, Québec devra créer encore 6000 places en 2010-2011, ce qui sera difficile en raison de l'objectif de limiter les dépenses. Et le budget ne fait aucune mention des 15 000 places supplémentaires promises par les libéraux en campagne électorale pour faire passer le réseau à 235 000 places.

Le budget du ministère des Transports fait un bond spectaculaire de 18,1% (423,9 millions). Son service de la dette a pris du poids en raison de l'accélération des investissements dans les infrastructures.

Développement économique

Pour faire face à la crise, le gouvernement Charest a majoré de 9,8% - 82 millions - l'enveloppe du ministère du Développement économique. Celui de l'Emploi et de la Solidarité sociale recevra bientôt 220 millions supplémentaires en provenance d'Ottawa, a-t-on indiqué au Conseil du Trésor.

Les budgets des autres ministères sont gelés ou à peu près. L'Agriculture, la Culture, l'Environnement, les Ressources naturelles et la Justice touchent une maigre somme supplémentaire de 10 millionschacun.

La moyenne de croissance des dépenses des provinces canadiennes se chiffre à 6,6% depuis 2003-2004. Seule la Colombie-Britannique (4,5%) a limité davantage ses dépenses que le Québec (4,6%), insiste le gouvernement.