Une réunion d'urgence a été convoquée à Ottawa mardi pour discuter du projet d'expansion de l'oléoduc Trans Mountain, stoppé pour une durée indéterminée la semaine dernière par un jugement de la Cour d'appel fédérale rendu une journée avant que le gouvernement devienne propriétaire de ce pipeline qui traverse une partie de l'Alberta et de la Colombie-Britannique.

Les députés du comité permanent des ressources naturelles se sont réunis à la demande de trois députés conservateurs et d'un élu néo-démocrate.

«Il n'y a aucun plan, aucune réponse, aucune étape suivante concrète, a dénoncé la députée conservatrice Shannon Stubbs lors de l'ouverture de la réunion. Comment se fait-il que le gouvernement ne se soit pas préparé à l'éventualité de cette décision?»

Les contribuables canadiens sont devenus propriétaires de l'oléoduc Trans Mountain vendredi, au lendemain du jugement. Le gouvernement en a fait l'achat pour la somme de 4,5 milliards dans le but de mener à terme la construction d'un deuxième oléoduc qui suivrait le même tracé et triplerait la quantité de pétrole albertain transporté au port de Burnaby, en Colombie-Britannique.

La Cour d'appel fédérale avait ordonné la veille à l'Office national de l'énergie (ONÉ) d'inclure l'impact de la circulation accrue de navires pétroliers sur les épaulards du sud de la Colombie-Britannique dans l'évaluation de ce projet d'expansion. Elle a aussi intimé au gouvernement de reprendre la troisième étape de consultation auprès des Premières Nations touchées.

Les conservateurs veulent savoir si le gouvernement avait bien évalué la possibilité d'un revers en Cour d'appel fédérale avant de s'engager à acheter l'oléoduc avec des fonds publics pour rassurer le secteur privé. Ils demandent que le ministre des Ressources naturelles, Amarjeet Sohi, et le ministre des Finances, Bill Morneau, témoignent en comité.

Le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, a exigé avant le début de la réunion que le gouvernement annule le projet d'expansion de Trans Mountain, revoie le processus d'évaluation environnementale et investisse davantage dans les énergies renouvelables.

La ministre de l'Environnement, Catherine McKenna, n'a pas répondu aux questions de La Presse canadienne sur l'analyse de risque effectuée avant l'achat de l'oléoduc, lors d'une conférence de presse mardi avant-midi.

Elle a toutefois défendu le plan mis de l'avant par son gouvernement pour s'attaquer aux changements climatiques malgré le départ de l'Alberta qui a décidé de ne plus participer en réaction au jugement de la Cour d'appel fédérale.

«C'est sûr que c'est difficile, mais nous avons toujours dit que nous allons nous assurer que ce pipeline aille de l'avant d'une manière qui respecte l'environnement», a-t-elle dit en rappelant que le gouvernement étudie présentement le jugement.

Le gouvernement n'a pas indiqué s'il allait contester cette décision en Cour suprême.