Le gouvernement Trudeau a-t-il conclu une mauvaise transaction en achetant le pipeline Trans Mountain pour la somme de 4,5 milliards de dollars de la société américaine Kinder Morgan ?

Le Parti conservateur croit que oui, soulignant que la valeur marchande de l'oléoduc, selon les propres estimations de Kinder Morgan, s'élevait à seulement 2,5 milliards de dollars en 2017.

Après avoir passé au peigne fin les états financiers de l'entreprise, le député conservateur de Louis-Saint-Laurent Gérard Deltell a soutenu ce mardi à la Chambre des communes que le gouvernement Trudeau a payé un prix trop élevé pour faire l'acquisition du pipeline Trans Mountain, construit en 1953.

« Quand on parle de nationalisation, les prix peuvent être gonflés à l'hélium. À preuve, j'ai en main ici les états financiers de Kinder Morgan. À la page 134 des états financiers de Kinder Morgan canadien, la propriété totale est de 2,5 milliards de dollars. C'est donc 2,5 milliards de dollars pour le vieux pipeline. Comment ça se fait qu'on a payé 4,5 milliards de dollars ? », a affirmé M. Deltell.

Il a ajouté que les conservateurs sont favorables à l'agrandissement de l'oléoduc Trans Mountain, mais qu'ils sont contre l'injection de fonds publics dans un tel projet. « Pourquoi ? Parce que c'est prendre 4,5 milliards de dollars de l'argent des contribuables et les envoyer au Texas. Il n'y a pas une cenne au Canada », a-t-il dit.

En l'absence du premier ministre, qui a mené une offensive médiatique ce mardi en Colombie-Britannique et en Alberta afin de défendre la décision de son gouvernement d'acheter le pipeline, le ministre des Finances Bill Morneau a répondu que l'objectif d'Ottawa est de protéger les emplois et l'économie canadienne.

« Nous avons décidé que c'est très important pour notre économie. Pour nous, c'est très important d'avoir un oléoduc à vocation commerciale internationale. Avec l'expansion de l'oléoduc, nous savons qu'on va avoir à peu près 15 000 emplois encore. Finalement, cela va améliorer notre économie d'à peu près 15 milliards de dollars par année. C'est pour ça que nous appuyons l'oléoduc Trans Mountain », a dit le grand argentier du pays, qui a toutefois refusé de dire si le gouvernement canadien avait payé un juste prix pour en faire l'acquisition.

De passage mardi à Rosedale, en Colombie-Britannique, où le projet d'expansion de l'oléoduc ne fait pas l'unanimité, le premier ministre Justin Trudeau a établi un lien entre l'expansion de l'oléoduc Trans Mountain et la réconciliation avec les Autochtones.

M. Trudeau a notamment rencontré les membres du Comité consultatif et de suivi des Autochtones, chargé de surveiller la construction du projet. Le premier ministre n'a pas voulu établir de lien direct entre la présence des leaders autochtones à cette rencontre et leur adhésion totale à l'oléoduc : il y a plutôt vu un appui à la réconciliation nationale, sur laquelle les deux parties doivent oeuvrer.

M. Trudeau a soutenu que le but du comité consultatif est de s'assurer que le projet soit bien mené, avec un minimum d'ennuis et un maximum de bénéfices.

Un des membres de ce comité, le chef Ernie Crey, a récemment déclaré aux médias que la première nation de Cheam envisagerait éventuellement d'acquérir une participation dans l'oléoduc Trans Mountain, que le gouvernement fédéral vient d'acheter.

Une trentaine d'opposants au projet manifestaient en marge de la rencontre, mardi, sur le territoire de la première nation Cheam, près de Rosedale. Eddie Gardner, Autochtone et président d'un organisme de défense des saumons sauvages, a soutenu que M. Trudeau « se trompe » s'il croit que ce projet est compatible avec la protection de l'environnement.

- Avec La Presse canadienne