Le chef de la direction de la pétrolière Athabasca a durement critiqué le gouvernement fédéral, vendredi, accusant ce dernier de ne pas avoir mis en place un cadre réglementaire stable pour l'industrie de l'énergie ni favorisé la construction de pipelines.

Rob Broen a tenu ces propos durant l'assemblée générale de la société à Calgary, au moment même où le premier ministre Justin Trudeau visitait la région des sables bitumineux du nord-est de l'Alberta.

M. Broen a déclaré que, s'il pouvait parler à M. Trudeau, il lui dirait qu'il doit faire preuve d'un réel leadership dans le dossier des oléoducs et pas seulement en paroles, et qu'il doit appuyer le projet Trans Mountain de Kinder Morgan, projet qu'il a d'ailleurs approuvé.

En visite à la nouvelle exploitation de Suncor Energy à Fort Hills, près de Fort McMurray, Justin Trudeau a réitéré son soutien à l'expansion du pipeline Trans Mountain vers la côte Ouest et répété le message qu'il avait déjà livré durant son séjour en Colombie-Britannique plus tôt cette semaine: le Canada doit à la fois protéger l'économie et l'environnement.

Le premier ministre a affirmé qu'il fallait trouver le bon équilibre, s'assurer que le Canada était toujours compétitif sur le plan international, mais sans s'embarquer dans la course aux profits en essayant de diminuer les normes et en polluant davantage.

Athabasca a reçu le feu vert pour porter la production de ses projets Leismer et Corner à 40 000 barils par jour chacun. Rob Broen a toutefois affirmé que l'entreprise n'irait pas de l'avant avec ces projets en raison du climat d'incertitude créé par les politiques d'Ottawa et la baisse des prix du pétrole lourd liée aux contraintes en matière d'exportation.

Les commentaires de M. Broen font écho à plusieurs points soulevés par l'Association canadienne des producteurs de pétrole dans une récente campagne visant à convaincre les gouvernements de raviver la confiance des investisseurs en réduisant les impôts et en assouplissant la réglementation.

L'Association a indiqué que le fédéral et les provinces songeaient à apporter une cinquantaine de changements aux politiques qui régissent l'industrie de l'énergie, notamment en ce qui a trait à l'Agence canadienne d'évaluation environnementale et à l'Office national de l'énergie, changements qui menacent la réputation du Canada comme lieu transparent et juste pour faire des affaires.

Le chef de la direction de Suncor Energy, le géant des sables bitumineux qui exploite plusieurs mines à Fort Hills et aux alentours de Fort McMurray, a aussi prévenu que le Canada devait en faire plus pour détourner les investisseurs des États-Unis.

Steve Williams a toutefois confié, vendredi, avoir été très encouragé par les discussions qu'il avait eues avec M. Trudeau durant sa visite à Fort Hills.

«Le premier ministre a pris la peine de venir ici et de passer du temps avec nous afin de mieux comprendre les défis que nous devons relever. Alors, je crois que nous allons recevoir un peu d'aide», a commenté M. Williams.