La tuerie de la Grande mosquée de Québec est un rappel brutal que la lutte contre le racisme et l'intolérance est loin d'être gagnée au pays, estime le premier ministre Justin Trudeau, qui a profité lundi du premier anniversaire de cet attentat pour lancer un appel à la vigilance.

Prenant la parole à la Chambre des communes après la période de questions, le premier ministre a soutenu que les six personnes qui ont été tuées il y a un an « sont mortes sous les balles de l'ignorance et de la haine ». 

« Il y a un an, le Canada pleurait la perte des siens. (...) Nous savons aujourd'hui que ces six personnes sont mortes sous les balles de l'ignorance et de la haine - aux mains de l'islamophobie et du racisme, qui n'auront jamais leur place dans notre société. Ce geste de violence était non seulement inexcusable, mais inacceptable », affirmé le premier ministre sur un ton solennel, prenant aussi le temps de nommer chacune des victimes - « Khaled Belkacemi. Azzedine Soufiane. Abdelkrim Hassane. Aboubaker Thabti. Mamadou Tanou Barry. Ibrahima Barry ».

Selon le premier ministre, les Canadiens se sont unis après cette tragédie pour rejeter la haine et l'intolérance. «Ensemble, nous avons choisi l'amour plutôt que la haine ; la compassion plutôt que la violence ; la solidarité plutôt que la division. Ensemble, nous nous sommes montrés à la hauteur des valeurs qui sont au coeur de l'identité canadienne, nous nous sommes montrés sous notre meilleur jour malgré la noirceur », a-t-il dit.

Mais il s'est demandé à voix haute si tout a été fait pour dénoncer les gestes de discrimination et de haine qui sont survenus depuis cet attentat.

« Il y a un an, nous avons fait honneur à la mémoire de ceux qui nous ont quittés trop tôt ; nous avons montré notre solidarité à la communauté musulmane qui, trop souvent, est ciblée par la haine. Alors que nous soulignons ce sombre anniversaire, (...) avons-nous condamné les autres cas de racisme avec autant de vigueur que nous l'avons fait il y a un an ? Avons-nous défendu la liberté des autres - que ce soit le droit de prier, le droit d'aimer ou simplement le droit d'exister - comme nous défendrions les nôtres ? », a-t-il dit sur un ton grave.

« Nous ne pouvons pas ramener les personnes qui ont été fauchées, mais nous leur devons de combattre les sentiments qui ont mené à leur mort. Nous leur devons de dénoncer et de s'élever contre toute forme d'islamophobie et toute forme de discrimination», a ajouté M. Trudeau, avant de s'envoler en direction de Québec où il participera à une soirée en mémoire des victimes de l'attentat.

En cette première journée de rentrée parlementaire, les chefs des autres formations politiques ont aussi tenu à rendre hommage aux victimes de la tuerie.

« Cette fusillade fut un acte de terreur qui a secoué la région, la province et tout le pays.  Les victimes étaient des pères et des fils, des frères et des maris.  Ils étaient là pour prier et ne sont jamais rentrés chez eux. (...)  Cela ne devrait pas arriver au Canada », a notamment déclaré le chef du Parti conservateur Andrew Scheer.

« Notre pays a toujours accueilli ceux qui recherchent la liberté et une vie meilleure.  Il doit rester un endroit où les croyants de toutes confessions devraient se sentir libres de célébrer leur culte. Une attaque de la sorte est une attaque envers ces principes mêmes, ceux qui ont passé l'épreuve du temps et pour lesquels nous nous battons dans le monde entier », a-t-il ajouté.

Pour sa part, le chef parlementaire du NPD Guy Caron s'est dit inquiet d'autres actes haineux visant les communautés musulmanes ont été commis depuis l'attentat de Québec.

« Aujourd'hui, en cette journée de commémoration, nous devons nous demander : est-ce que des leçons ont été tirées? Est-ce que les discours ont changé? Est-ce que le ton a baissé? La vérité, c'est que les gestes haineux n'ont pas cessé, surtout en ligne. Surtout sur les réseaux sociaux. Le harcèlement dans la rue - ciblant surtout des femmes musulmanes - continue. Et des gestes violents ont lieu, encore trop souvent. N'oublions pas que cet été, la voiture du président du Centre culturel islamique de Québec a été incendiée devant sa résidence », a-t-il notamment souligné.