Il y a fort à parier que la reprise des travaux parlementaires sera mouvementée à Ottawa.

C'est ce qu'anticipe Louis Plamondon, un vieux routier de la scène politique fédérale dont la première élection à la Chambre des communes remonte à 1984.

Ce député bloquiste s'attend à ce que les membres de l'opposition officielle se montrent particulièrement hargneux.

Il faut dire qu'ils ont bien du grain à moudre en raison du récent dépôt d'un rapport de l'ancienne commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique portant sur les quelques passages du premier ministre canadien sur l'île privée de l'Aga Khan.

Dans ce document publié le mois dernier, Mary Dawson avait écrit noir sur blanc que Justin Trudeau avait enfreint la loi en acceptant d'y séjourner en compagnie de certains de ses proches.

Selon M. Plamondon, il est absolument certain que les conservateurs n'ont pas fini de casser du sucre sur le dos de M. Trudeau en faisant référence à cette conclusion de Mme Dawson.

«C'est évident qu'ils vont se servir de ce rapport pour discréditer le premier ministre. Ils en feront leurs choux gras. C'est sûr que ce sera le gros débat au Parlement. Ils vont vouloir garder ça dans l'actualité», prédit-il.

Bien qu'il ne souhaite pas minimiser l'importance du document préparé par l'ex-commissaire, Louis Plamondon espère que les conservateurs ne forceront pas trop la note.

À son avis, s'ils décident de poser des dizaines de questions à propos des vacances de Justin Trudeau, ils vont «gaspiller» leur temps de parole et d'autres enjeux, qui mériteraient de monopoliser l'attention des élus, vont forcément être éclipsés.

En dépit du fait que le Bloc québécois ne compte que dix représentants aux Communes, la formation fera tout de même des pieds et des mains pour que certains thèmes ne tombent pas aux oubliettes, incluant celui du logement.

M. Plamondon rappelle qu'en novembre, le Canada avait dévoilé son plan en la matière qui comprend des investissements de 40 milliards $ échelonnés sur une période de dix ans.

Aux yeux de ce vétéran de la politique, le hic avec cette stratégie «Un chez-soi d'abord», c'est que ses contours ont été dessinés à Ottawa, mais qu'elle ne mise pas exclusivement sur des investissements provenant du gouvernement fédéral.

Elle prévoit, en effet, que des fonds devront éventuellement être fournis par les provinces et les territoires.

À l'instar du gouvernement du Québec, Louis Plamondon estime qu'Ottawa devrait se contenter d'offrir son soutien financier aux autres juridictions en leur laissant les coudées franches pour établir leurs propres priorités sur le plan de l'habitation.

Or, il doute que M. Trudeau soit disposé à jeter du lest dans cet épineux dossier.

«C'est le dada du premier ministre de vouloir tout centraliser à Ottawa», déplore le député.

Dans l'espoir de le faire fléchir, M. Plamondon promet que son parti ne ménagera pas ses efforts.

«Ça va être une lutte qu'on va mener ardemment», martèle-t-il.

Aux Communes, les travaux ont été ajournés jusqu'au 29 janvier.